Adieu à Marianne Faithfull, chanteuse emblématique du XXe siècle

Il est difficile de classer Marianne Faithfull parmi les artistes, car sa figure dépasse largement ce cadre. Elle fut chanteuse, actrice, mannequin, groupie, muse, toxicomane, égérie, icône et, depuis ce jeudi 30 janvier, une légende de la seconde moitié du XXe siècle.

« C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès de la chanteuse, compositrice et actrice Marianne Faithfull », a déclaré la famille dans un communiqué. « Marianne s'est éteinte paisiblement à Londres, entourée de la famille qu'elle aimait. Elle nous manquera énormément. »

L'histoire de Marianne Faithfull commence dans les années 1960, lorsqu'une jeune fille inconnue de Hampstead rencontre Andrew Loog Oldham, alors manager des Rolling Stones, lors d'une soirée.

Le manager persuade Mick Jagger et Keith Richards d'écrire une chanson pour la voix magnétique de soprano de la jeune fille. C'est ainsi que « As Tears Go By » voit le jour au cours de l'été 1964.

C'est ainsi que Marianne Faithfull est passée de l'anonymat à la célébrité mondiale à l'âge de 18 ans. Ce fut le début d'une vie troublée, excessive et compliquée, mais aussi mémorable et digne d'être racontée.

John Dunbar allait être son premier mari et le père de son premier enfant, alors qu'elle n'avait que 19 ans. Après un an de mariage, la séparation survient et, avec elle, arrive Mick Jagger dans sa vie.

Marianne Faithfull et Mick Jagger ont formé l'un des couples les plus emblématiques et les plus mémorables de l'histoire du star system. Ce furent quatre années (1966-1970) d'amour, de toxicité, d'addictions et de légendes qui se sont perpétuées au fil du temps.

Marianne Faithfull est devenue la muse du groupe et a inspiré des succès légendaires tels que « Sympathy for the Devil », « You Can't Always Get What You Want » et « Wild Horses ».

Sur le plan artistique, la combinaison de la muse et du groupe était inégalable. D'un point de vue personnel, en revanche, cela a été absolument dommageable pour tout le monde. Marianne Faithfull a vécu l'époque du « Swinging London » comme personne d'autre mais, comme tout dans la vie, la fête s'est terminée et l'artiste a sombré dans l'enfer.

Sa relation avec Mick Jagger prend fin en 1970 et la période la plus sombre de Marianne Faithfull commence. L'artiste avorte, perd la garde de son fils, tente de mettre fin à ses jours, vit dans la rue et est arrêtée à plusieurs reprises.

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Les années 70 ont été difficiles pour celle qui avait été l'image du débarquement des Anglais dans la musique des États-Unis. Cependant, à la fin de la décennie, avec l'aide de Chris Blackwell, propriétaire d'Island Records, elle a sorti son album "Broken English".

La voix angélique d'antan est devenue dure et douloureuse, parfaite pour une Marianne Faithfull qui a non seulement connu l'enfer, mais y a vécu pendant des années. La jeune muse cède la place à une légende à forger.

Son nouveau style « new wave » séduit les critiques et le public. Marianne Faithfull n'est plus la muse de personne, mais une icône avec sa propre identité qui renaît de ses cendres.

Si les années 70 avaient été pour elle une punition éternelle, les années 80 n'ont fait qu'élever son talent débordant, avec une production musicale qui dépassera les 20 albums et des collaborations mythiques avec des gens comme David Bowie (sur la photo), Billy Corgan, Beck ou David A. Stewart.

Parallèlement, Marianne Faithfull se permet de prouver qu'elle est aussi une immense actrice, en participant à des films tels que 'Made in USA' de Jean-Luc Godard (1967), 'La Motocyclette' (1968), 'Moondance' (1995) ou 'Irina Palm' (2007).

Sur la photo, avec Alain Delon sur le tournage de 'La Motocyclette' (1967).

Pour Marianne Faithfull, il était évident qu'elle « ne plaisait pas à tout le monde », comme elle l'a déclaré à Vogue dans une interview, mais sa vie et son héritage montrent clairement qu'elle a vécu en étant elle-même et c'est ainsi que l'on se souviendra d'elle, comme de la légende qu'elle était.

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