Avant Han Kang, la longue histoire des Prix Nobel de littérature
Le Prix Nobel 2024 de littérature a été attribué à l’écrivaine sud-coréenne Han Kang, autrice de poésie et d’œuvres de fiction. C’est la première fois qu’un auteur originaire de Corée du Sud est récompensé par l’académie suédoise.
Dans son communiqué, cité par Le Monde, le jury a indiqué vouloir la récompenser « pour sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine ».
Née en 1970, Han Kang a publié ses premières œuvres dans les années 1990. Elle s’est fait connaître à l’international en 2007 avec « Végétarienne », un roman en trois parties qui raconte le refus d’une femme de manger de la viande et ses conséquences.
L’écrivaine, dont plusieurs livres ont été traduits en français, est aussi une femme engagée. Elle a figuré « sur une liste noire de près de dix mille personnalités du monde de la culture en Corée du Sud, accusées d’avoir critiqué la présidente Park Geun-hye, au pouvoir entre 2013 et 2017 », précise Le Monde.
Han Kang s’inscrit dans une lignée prestigieuse de récipiendaires du Nobel de littérature. Découvrez en images le fonctionnement, l’histoire et les moments marquants de ce prix très convoité !
Le jury reçoit chaque année plusieurs centaines de candidatures d’auteurs écrites par un comité de soutien, car il est impossible de se proposer soi-même. Pour que sa candidature soit valable, l’écrivain doit être vivant et avoir publié dans l’année.
Le jury présélectionne ensuite quinze noms, avant de réduire la liste à cinq candidats et de proclamer finalement le vainqueur au même moment que les autres Prix Nobel.
11 millions de couronnes suédoises (environ 965 000 euros) sont versées au gagnant, dont le prestige d’écrivain sur la scène internationale en est par ailleurs très renforcé.
Le Prix Nobel de littérature est décerné depuis 1901 à l’« auteur de l'ouvrage littéraire le plus remarquable d'inspiration idéaliste », selon les mots du testament d’Alfred Nobel, son créateur.
Plusieurs monuments de la littérature mondiale ont été récompensés, à l’image de Thomas Mann (1929), Samuel Beckett (1969) et Gabriel García Márquez (1982). Mais certains grands noms (Marcel Proust, Rainer Maria Rilke) ont été manqués à cause d’un décès prématuré.
Seuls deux lauréats ont refusé le Prix Nobel de littérature en plus d’un siècle d’histoire : Boris Pasternak (1958), sous la pression du gouvernement soviétique, et le Français Jean-Paul Sartre (1964), par conviction personnelle.
Si ce prix est très majoritairement décerné à des auteurs de littérature, il a aussi été remporté par deux philosophes, Rudolf Christoph Eucken (1908) et Henri Bergson (1927), un homme d’État, Winston Churchill (1953) et un musicien, Bob Dylan (2016).
Le Prix Nobel de littérature a souvent été attribué à des écrivains persécutés ou dissidents dans leur pays, comme le Soviétique Alexandre Soljenitsyne (1970) et le Chilien Pablo Neruda l’année suivante.
De Sully Prudhomme (1901) à Annie Ernaux (2022), la France est le pays le plus représenté parmi les vainqueurs de ce prix. La liste inclut de grands noms, tels André Gide (1947), Albert Camus (1957), Claude Simon (1985) et Patrick Modiano (2014).
La France est suivie par les États-Unis, avec 13 lauréats, dont William Faulkner (1949) et Ernest Hemingway (1954), et par le Royaume-Uni, qui en compte 11, parmi lesquels Rudyard Kipling (1907) et Harold Pinter (2005).
Avec 32 prix pour des auteurs écrivant en anglais, cette langue devance largement le français (15), l’allemand (14) et l’espagnol (11). D’autres langues plus rares ont déjà été à l’honneur, comme le finnois, le turc, l’hébreu ou le serbo-croate.
Plusieurs voix critiques de ce prix ont relevé une tendance à être trop centré sur les auteurs occidentaux, à délaisser certaines cultures ou aires linguistiques et à récompenser trop peu de femmes (Han Kang est devenue la 18e).
Dans le sillage de #metoo, un éphémère Prix Nobel de littérature, dit « alternatif », a été créé en 2018. Jugée dépassée ou trop conservatrice par certains, cette institution reste prestigieuse, malgré les polémiques, et très convoitée par les écrivains du monde entier.