Décès de Bertrand Blier, légende anticonformiste du cinéma français
Le cinéaste Bertrand Blier est décédé ce lundi 20 janvier à l’âge de 85 ans, a annoncé sa famille. Avec lui s’éteint une légende anticonformiste du cinéma français.
Jack Lang, l’ancien ministre de la Culture, a écrit sur son compte X que ce réalisateur « aura fait les grandes heures du cinéma français », le qualifiant de « transgressif » et « immensément talentueux ».
« Orfèvre des dialogues, fin observateur de l’âme humaine, dans ses films, il décortiquait sans tabous et avec une liberté infinie les dérives et les tracas de notre époque », a ajouté l’actuel président de l’Institut du monde arabe.
Dans un communiqué de l’Élysée, cité par France Info, Emmanuel Macron a salué un « géant du cinéma » qui « a marqué de son empreinte libre et cinglante notre imaginaire national pendant cinq décennies ».
« Il appartenait à la grande tradition française des peintres de tempéraments, entre misanthropie et tendresse. Humour noir, barbe blanche, Bertrand Blier était l’un des auteurs de cinéma les plus singuliers des dernières décennies », ajoute le communiqué.
« J'apprends avec beaucoup de tristesse la disparition de Bertrand Blier. Il était un dialoguiste de génie, dans la lignée des Prévert et des Audiard », a écrit de son côté la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur X.
Né en 1939, Bertrand Blier était le fils d’une autre icône, l’acteur Bernard Blier (1916-1989), qu’il a dirigé dans son premier long-métrage, « Si j’étais un espion », sorti en 1967.
C’est en 1974 que le réalisateur connaît son premier grand succès, « Les Valseuses », avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou en tête d’affiche.
« Film subversif devenu culte, "Les Valseuses" est également marqué par un humour graveleux qui choque à l'époque », a écrit France 24 à propos d’une œuvre qui a fait décoller la carrière de Depardieu.
Certains reprochent aujourd’hui au cinéma de Bertrand Blier son caractère misogyne et sa tendance à mettre en scène une forme de domination masculine. Cela a notamment été le cas avec le film « Calmos » (1976), très mal reçu par la critique et le public.
En 1978, Blier retrouve le tandem Depardieu-Dewaere pour le film « Préparez vos mouchoirs », un classique récompensé de l’Oscar du meilleur film étranger.
L’année suivante est consacrée à la réalisation d’un autre futur classique. « Buffet froid » est une comédie où apparaissent de nouveau Depardieu et Bernard Blier, qui met en scène trois hommes pris dans une série d’événements absurdes et surréalistes.
Dans les années 1980, Bertrand Blier est à l’origine de nouveaux films devenus cultes et tourne avec de grands noms du cinéma français, comme Isabelle Huppert, Coluche, Thierry Lhermitte, Alain Delon ou Nathalie Baye.
En 1989, il dirige une nouvelle fois Gérard Depardieu aux côtés de Carole Bouquet et Josiane Balasko dans « Trop belle pour toi ». Le film remporte le Grand Prix du jury à Cannes la même année et cinq Césars (dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur) en 1990.
La décennie suivante est moins faste. En 1991, la comédie dramatique « Merci la vie », que Blier considère comme son meilleur film, est éreintée par la critique, ce qui acte la rupture entre le réalisateur et une partie du public.
La fin de carrière du cinéaste a été marquée par « Les Acteurs » (2000), une fresque sur la vie des acteurs français, et par la comédie noire « Le Bruit des glaçons » (2010), avec Jean Dujardin et Albert Dupontel.
Avec Bertrand Blier, c’est une certaine façon de faire du cinéma, incisive, provocante, mais parfois jugée passéiste, qui disparaît. Hommage soit rendu à l’un des plus grands réalisateurs français de la fin du XXe siècle !