Faut-il nécessairement souffrir pour réussir ?
Le succès dépend-il avant tout de nos capacités et de notre travail ? Selon Jensen Huang, le fondateur et dirigeant de Nvidia, une entreprise de la tech qui est actuellement la coqueluche des marchés boursiers, un autre ingrédient serait nécessaire.
Dans un discours tenu récemment devant des diplômés de l’université américaine de Stanford, le self-made-man américain d’origine taïwanaise a fait l’éloge de la souffrance comme moteur de la réussite.
Affirmant que « la résilience joue un rôle important dans la réussite », l’orateur a souhaité à son public de « vivre des moments de souffrance ».
« La réussite vient du caractère. Et le caractère n’est pas forgé par l’intelligence, il est forgé par la souffrance. Et donc si je pouvais vous souhaiter – je ne sais pas comment le faire – à vous tous, étudiants de Stanford, je vous souhaiterais une bonne dose de douleur et de souffrance », a déclaré Jensen Huang.
« Aujourd’hui encore, j’utilise l’expression "douleur et souffrance" au sein de notre entreprise avec beaucoup d’enthousiasme – "Bon sang, cela va causer beaucoup de douleur et de souffrance" – et je l’entends d’une manière heureuse parce que vous voulez former, vous voulez affiner, le caractère de votre entreprise », a-t-il conclu.
Le patron de Nvidia a repris à sa manière un vieil adage américain : « No pain, no gain » (« pas de douleur, pas de gain » en français).
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Cette vision de la réussite a été théorisée par des auteurs classiques, comme le dramaturge Pierre Corneille, l’auteur de la célèbre citation : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
Pour Friedrich Nietzsche, la douleur n’est pas bonne ou mauvaise en soi, mais elle fait partie intégrante de ce qui compte le plus : la vie. « Vivre c’est souffrir, survivre c’est trouver un sens à sa souffrance », écrivait le philosophe allemand.
Pour Ismaël Le Mouël, un entrepreneur social cité par ‘Welcome to the Jungle’, « cette idée de sacrifice personnel pour se donner un dessein supérieur est très ancrée dans nos sociétés ».
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Cette vision est en tout cas partagée par Alain Goetzmann, un coach en leadership et management, cité par le même média : « Pour être le meilleur, il faut accepter de souffrir. Souffrir aujourd’hui, pour réussir demain ».
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Mais pourquoi cette idée est-elle si répandue ? Selon ‘Forbes’, « l’adversité et l’inconfort peuvent nous pousser » à développer « le caractère, les compétences et la détermination nécessaires à la réussite ».
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Cela serait en réalité lié au développement du cerveau. À l’appui de cette idée, ‘Forbes’ mentionne les échanges entre David Goggins, commando marine à la retraite et coureur d’ultramarathon, et le neuroscientifique Andrew Huberman.
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Ce dialogue a fait ressortir l’importance du cortex cingulaire moyen antérieur, une zone du cerveau associée à la volonté et à la détermination, qui serait stimulée par les situations d’inconfort et de stress.
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Le problème ? Cette arme peut s’avérer aussi efficace pour certains que contre-productive pour d’autres, comme le souligne Yannis Sioudan, un professionnel de la communication interrogé par ‘Welcome to the Jungle’.
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« La peur, les hésitations m’ont éprouvé, mais ça m’a aussi permis d’oser, ça m’a challengé. Un peu comme le stress, soit ça motive, soit ça bloque tout. », confie-t-il. La preuve que la thérapie de choc ne fonctionne pas à tous les coups !
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Pour une étudiante en médecine interrogée par le même média, des injonctions trop fortes peuvent affecter notre confiance en nous car « elles nous donnent l’impression d’être toujours en deçà de nos exigences personnelles », ce qui favoriserait le développement du syndrome de l’imposteur.
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Enfin, le succès fait-il nécessairement le bonheur, surtout lorsqu’il a été obtenu au moyen d’intenses souffrances personnelles ? À chacun de trouver la formule qui lui convient le mieux !
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