La malédiction de la France au concours de l’Eurovision

Une jolie 4ᵉ place pour Slimane
Une malédiction toujours intacte
Un mauvais classement en 2023
Plusieurs triomphes dans les années 1960
Une malédiction ?
1974 : les obsèques de Georges Pompidou
1991 : une défaite ex aequo
1999 : une candidate appartenant à une secte
De bons classements ces dernières années
Des candidats populaires
Mais des performances faibles depuis l’an 2000
Une mauvaise image du concours en France ?
Un décalage par rapport à d’autres pays
De mauvais candidats ?
Un danger pour les artistes
Des enjeux géopolitiques
Un décalage culturel
Un changement de regard
De l'espoir
Une jolie 4ᵉ place pour Slimane

Représentant de la France pour cette édition 2024 de l'Eurovision, le chanteur Slimane a décroché une jolie 4ᵉ place après avoir interprété le titre « Mon Amour ».

 

Une malédiction toujours intacte

Malgré la magnifique interprétation qu'il a livrée en Suède, l'artiste n'est pas parvenu à briser la malédiction de la France, qui n'a plus remporté l'Eurovision depuis Marie Myriam en 1977.

Un mauvais classement en 2023

L'an dernier, La Zarra, la chanteuse canadienne candidate pour la France, avait aussi échoué : avec seulement 104 points en finale, l’interprète de la chanson « Évidemment » avait terminé à une décevante 16ᵉ place.

Plusieurs triomphes dans les années 1960

Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi puisque la France s’était souvent imposée dans les premières éditions du célèbre concours européen, avec André Claveau (1958), Jacqueline Boyer (1960, sur la photo), Isabelle Aubret (1962), Frida Boccara (1969) et enfin Marie Myriam.

Une malédiction ?

Les échecs répétés des candidats français à remporter le concours ont alimenté la théorie d’une malédiction du pays. Une superstition qui a pu être alimentée par une série étonnante de ratés.

1974 : les obsèques de Georges Pompidou

En 1974, soit trois avant la dernière victoire, la chanteuse Dani avait toutes les chances de triompher avec la chanson « La Vie à 25 ans ». Mais les obsèques du président Georges Pompidou qui venait de décéder ont contraint la France à se retirer de l’événement.

1991 : une défaite ex aequo

Au début des années 1990, Amina cartonne avec « C’est le dernier qui a parlé qui a raison » et termine première ex aequo avec la candidate suédoise Carola. Les jurés ont alors épluché les règles du concours pour départager les deux chanteuses, et c’est la Suède qui a fini par l’emporter.

1999 : une candidate appartenant à une secte

En 1999, la candidature de Nayah a fait polémique. Et pour cause : la chanteuse appartenait à une secte apocalyptique. Mais l’artiste s’est maintenue, terminant le concours à une piteuse 19e place.

De bons classements ces dernières années

Ces dernières années, certaines candidatures tricolores ont pourtant obtenu de bonnes places au classement, comme celles d’Amir en 2016 (6ᵉ), de Barbara Pravi en 2021 (2ᵉ), et donc de Slimane en 2024.

Des candidats populaires

Dans la période récente, le public avait aussi pu découvrir des candidats enthousiasmants pour porter les couleurs de la France, comme le duo Madame Monsieur en 2018 ou Bilal Hassani en 2019. Toutefois, leur popularité n’avait pas suffi pour parvenir à la première place.

Mais des performances faibles depuis l’an 2000

Les performances globales restent donc faibles depuis 25 ans. Au total, les interprètes français ne sont parvenus que six fois dans le top 10 et quatre fois dans le top 5 depuis l’an 2000. Un bilan maigre pour un grand pays de chanson !

Une mauvaise image du concours en France ?

Alors, hormis l’hypothèse peu crédible de la malchance, qu’est-ce qui explique les contre-performances répétées de la France à l’Eurovision ? Pour certains, le concours aurait une image ringarde dans le pays, ce qui expliquerait le faible soutien du public et même une tendance à critiquer certains candidats.

Un décalage par rapport à d’autres pays

Pour Arnaud Abadie, contributeur pour ‘ESCUnited’, un site internet consacré à l’Eurovision, et cité par ‘Gala’, le décalage entre la France et d’autres pays est net : « L’Eurovision est une religion en Suède et en Italie, et même dans d’autres pays. Le représentant a alors un réel soutien et les médias suivent derrière avec une très bonne couverture des événements clés autour de l’aventure Eurovision du pays. En France, c’est une tout autre histoire car l’Eurovision est toujours perçu comme un concours ringard et loufoque par le grand public. »

De mauvais candidats ?

Pour Amandine Bourgeois (sur la photo), candidate pour la France en 2013, également citée par ‘Gala’, le concours, « bien que très suivi, est malheureusement assez déprécié par les professionnels de la musique et rares sont les artistes déjà connus et reconnus qui acceptent de jouer le jeu. » Les échecs français s’expliqueraient-ils par la faible notoriété des candidats ?

Un danger pour les artistes

Comme l’analyse Jean-Pierre Pasqualini, directeur artistique de TV Mélody, cité par ‘Le Figaro’, la France envoie souvent « des artistes qui n'ont rien à perdre car ils ont peu de notoriété comme Lisa Angell (…). Patricia Kaas, pourtant auréolée d'une belle popularité dans les pays de l'Est, n'a fini que 8e. L'Eurovision, ça peut vous tuer un artiste, débutant comme confirmé. »

Des enjeux géopolitiques

Par ailleurs, la France souffrirait de n’appartenir à aucun bloc de pays susceptibles de se favoriser mutuellement, comme le font les nations scandinaves ou les pays de l’Est. Un manque préjudiciable lorsqu’il s’agit de glaner des voix à l’étranger !

Un décalage culturel

Une autre explication avancée est le décalage culturel entre une chanson française très intellectuelle et un concours marqué par la culture pop anglo-saxonne. Comme l’analysait ‘France Bleu’ en 2018 : « Les chansons présentées par la France sont évidemment souvent en français, alors que l’anglais est jugé plus populaire et international. Elles sont aussi jugées trop sérieuses, intellos, voire carrément snobs, dans un concours où les paillettes et le kitch font un malheur. »

Un changement de regard

Pour le duo Madame Monsieur, cité par ‘Gala’, le regard porté sur l’Eurovision en France évolue progressivement : « Depuis quelques années, le regard porté sur cet événement est différent. On recommence à prendre ça au sérieux. Il n’y a pas de raison que la France ne gagne pas. »

De l'espoir

C'est en tout cas ce que semble montrer la performance encourageante de Slimane, qui a échoué au pied du podium. La France va-t-elle enfin triompher de nouveau à l'Eurovision dans les prochaines années ?