La vie tragique de Romy Schneider, ancienne compagne d'Alain Delon
Dans les années 60 et 70, Romy Schneider est devenue une icône du cinéma grâce à son élégance et à sa personnalité unique.
De la tendre et jeune "Sissi" de ses débuts de carrière, elle incarne ensuite une femme moderne et libérée, dans la vie comme à l'écran. Mais si la vie de Romy Schneider a été marquée par des succès professionnels, elle l'a aussi été par de nombreux drames personnels.
Retournons plusieurs décennies en arrière pour comprendre la complexité de son existence et son destin tragique, qui contribuent encore aujourd'hui à alimenter son mythe.
Rosemarie Magdalena Albach est née à Vienne le 23 septembre 1938, aux prémices de la Seconde Guerre mondiale. Elle est la fille de l'acteur autrichien Wolf Albach-Retty et de la comédienne et chanteuse allemande Magda Schneider.
Sur la photo, Wolf Albach-Retty et Magda Schneider dans le film "Two Happy People"
La famille de la petite Rosemarie est proche du cercle d'Adolf Hitler. Sa grand-mère paternelle (la chanteuse Rosa Albach-Retty) et son père (photo), sympathisant SS, sont tous les deux inscrits sur la "liste de privilégiés divins" du régime, en tant qu'artistes utiles à la propagande nazie.
Magda Schneider (photo) entretenait une relation particulière avec le dictateur allemand. À tel point que sa fille, Romy Schneider, a toujours été persuadée qu'elle avait eu des liaisons intimes avec le leader nazi, comme elle l'a confié en 1976, à son amie, Alice Schwarzer : « Elle était persuadée que sa mère avait eu une relation s e x u e l l e avec Hitler », s'est souvenue la journaliste allemande dans le documentaire "Conversation avec Romy Schneider". Une histoire qui a hanté l'actrice pendant toute sa vie.
À l'âge adulte, Romy Schneider a tout fait pour s'affranchir du passé sombre de ses parents. Ainsi, elle a interprété à de nombreuses reprises des rôles de victimes du nazisme sur le grand écran, et a donné à ses enfants des prénoms juifs.
Romy Schneider n'a que 4 ans lorsque ses parents se séparent. Elle noue alors un lien profond avec sa mère, avec qui elle retourne vivre en Autriche occupée à la fin de la guerre. À cette époque, en raison de sa proximité avec les dirigeants nazis, Magda Schneider perd de nombreux contrats de travail et se retrouve face à de grandes difficultés financières. Romy Schneider passe une grande partie de sa scolarité dans un internat religieux autrichien.
En 1953, tout juste sortie du pensionnat, Romy Schneider reçoit un appel de sa mère lui proposant de la rejoindre à Cologne (Allemagne) pour tourner à ses côtés dans le film "Quand refleuriront les lilas blancs", de Hans Deppe. Le film connait un très grand succès en Allemagne de l'Ouest, propulsant Romy Schneider sur le devant de la scène et marquant le début de sa carrière.
En décembre 1953, Magda Schneider épouse le restaurateur Hans Herbert Blatzheim. Ce dernier devient l'agent de la toute jeune actrice. Mais cette dernière a-t-elle été victime d'abus de la part de son beau-père ? Le doute plane. Dans le documentaire "Conversation avec Romy Schneider", Alice Schwarzer livre l'un des secrets les plus douloureux de l'actrice allemande. « Elle m'a dit "il [son beau-père, ndlr] a essayé de coucher avec moi, et pas qu'une seule fois". Elle a dit ça d'une voix violente et franchement blessée, comme si ça c'était passé hier », raconte la journaliste.
À l'âge de 16 ans, Romy Schneider commence le tournage du film "Sissi", d'Ernst Marischka, dans lequel elle incarne l'impératrice Elizabeth d'Autriche, le rôle qui va marquer sa vie. Jamais très loin de sa fille, Magda Schneider joue la mère de l'impératrice dans le film.
Le film raconte une histoire romancée de l'impératrice Élisabeth d'Autriche, dite "Sissi", et de son époux l'empereur François-Joseph Ier d'Autriche. Son succès est tel que le réalisateur Ernst Marischka entreprend un deuxième, puis un troisième épisode de "Sissi", malgré les réticences de Romy Schneider, qui se sent de plus en plus étrangère à son personnage, idéalisé dans le film.
Romy Schneider s'oppose à un quatrième tournage de "Sissi", au grand dam de son beau-père et agent, qui investit la fortune récoltée dans des hôtels et restaurants, et de sa mère, qui tente de redorer son image après son passé controversé.
Romy Schneider est adulée en Allemagne, et multiplie les tournages en parallèle de "Sissi", souvent accompagnée par sa mère. Elle joue notamment dans "Un petit coin de paradis" (1957) et "Jeunes Filles en uniforme" (1958) avec Lilli Palmer, star allemande de l'époque.
À seulement 19 ans, Romy Schneider est connue dans le monde entier. C'est à cette période qu'elle rencontre un certain Alain Delon, alors inconnu du grand public. Les deux jeunes acteurs se retrouvent sur le tournage de "Christine" (1958). Leurs premiers rapports sont assez houleux, mais ils finissent par tomber amoureux, et former un couple emblématique.
Se sentant étouffée par sa mère et par son pays, Romy Schneider part s'installer en France en 1958 avec Alain Delon. L'Allemagne se sent trahie par son départ, et ne lui pardonnera jamais.
Mais la carrière de Romy Schneider a du mal à décoller en France, tandis que celle d'Alain Delon, avec qui elle s'est fiancée, explose. « J'étais follement amoureuse d'Alain (...) Mais j'en ai beaucoup bavé parce que j'ai vu Alain travailler avec les grands metteurs en scène, et moi, je me suis dit "Mais qu'est-ce que je vais devenir ? " Parce que, quand même, j'étais faite pour ce métier », peut-on l'entendre se confier à Alice Schwarzer dans le documentaire "Conversation avec Romy Schneider". Finalement, l'actrice allemande se lance dans le théâtre.
La carrière d'actrice de Romy Schneider finit par rebondir. Elle tourne notamment dans "Le Procès" (1962) et "Le Cardinal" (1963), des films grâce auxquels elle obtient plusieurs récompenses. Mais côté vie privée, rien ne va plus. Alain Delon la quitte après cinq ans de relation. Une épreuve particulièrement difficile à vivre pour l'Allemande.
En mars 1965, à l'occasion de l'inauguration d'un restaurant à Berlin, Romy Schneider rencontre l'acteur et metteur en scène Harry Meyen. Ils se marient à l'été 1966, et quelques mois plus tard, la comédienne donne naissance à son premier enfant, David. Elle met sa carrière entre parenthèses.
En 1968, elle reçoit un appel de son ex, Alain Delon, qui lui propose de jouer Marianne, sa compagne dans "La Piscine", de Jacques Deray. Le film, avec Jane Birkin et Maurice Ronet, remporte un franc succès auprès du public et de la critique. Il relance complètement la carrière de Romy Schneider.
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En France, sa carrière redémarre au sommet ! L'actrice apparait dans une quinzaine de films au début des années 1970, dont "Les Choses de la vie" (1970), "César et Rosalie" (1972), ou encore "Ludwig : Le Crépuscule des dieux" (1973), dans lequel elle incarne une nouvelle Sissi. En parallèle, elle se sépare d'Harry Meyen en 1972, mais le divorce n'est prononcé que trois ans plus tard.
En 1976, elle décroche le César de la meilleure actrice pour sa performance dans "L'important c'est d'aimer" (1975). Trois ans plus tard, en 1979, l'Académie des César lui décerne à nouveau le prestigieux prix pour son rôle dans "Une histoire simple" (1978). Elle est alors l'une des actrices préférées des Français.
Côté vie privée, elle refait sa vie avec le journaliste Daniel Biasini, qu'elle épouse en 1975. Enceinte de six mois, elle fait une fausse couche à la fin de cette même année. L'actrice est dévastée, mais se relève. Finalement, à l'été 1977, elle donne naissance à son deuxième enfant, la future actrice Sarah Biasini.
Mais un nouveau drame ne tarde pas à briser son bonheur. Au printemps 1979, alors qu'elle est en vacances au Mexique avec sa fille, elle apprend le décès de son ex-mari. Harry Meyen, le père de son fils, s'est donné la mort, après plusieurs cures de désintoxication.
Photo : Romy Schneider sur le tournage de "Liés par le sang" (1979)
L'année 1981 a sans doute été la pire de sa vie. L'actrice se sépare de Daniel Biasini en février 1981. Au printemps, elle se casse le pied en sautant d'un rocher, puis, quelques semaines plus tard, on lui détecte une tumeur cancéreuse au rein. Romy Schneider se fait opérer et reste hospitalisée plusieurs mois. Mais cette douleur n'est qu'infime par rapport à ce qu'elle s'apprête à vivre...
En juillet 1981, après une après-midi avec ses amis, David Meyen rentre chez ses grands-parents paternels, chez qui il vit depuis plusieurs mois. Mais le portail, haut de deux mètres, est fermé. Pour ne pas déranger ses proches, il décide de l'escalader comme il l'a déjà fait plusieurs fois par le passé. Malheureusement, il perd l'équilibre, et dans sa chute, s'empale sur les pointes de la grille. Il décède le soir-même à l'hôpital, à l'âge de 14 ans.
Cette fois, elle ne se relèvera pas. Après la mort de son fils, Romy Schneider tente de reprendre sa vie en main, mais l'actrice est meurtrie et en grave dépression. Le 29 mai 1982, elle est retrouvée inanimée dans son appartement parisien par son nouveau compagnon, Laurent Pétin. Selon certains médias, des médicaments et de l'alcool sont retrouvés sur son bureau, à côté d'une lettre écrite de sa main, dans laquelle elle s'excuse pour son absence à une interview à laquelle elle ne peut plus assister. Une longue rature laisse penser qu'elle serait décédée en la rédigeant. Elle avait 43 ans.
La cause de sa mort n'a jamais été officiellement identifiée. Si certains pensent qu'elle a mis fin à ses jours, pour d'autres, il s'agit d'une overdose accidentelle. De leurs côtés, les proches de l'actrice sont persuadés qu'elle est morte d'une crise cardiaque foudroyante. Mais nul n'aura jamais la réponse, car le magistrat en charge d'enquêter sur sa mort a classé l'affaire sans autopsie pour "ne pas casser le mythe".
Comme un symbole, une étoile de David sera attachée autour de son cou avant qu'elle ne soit enterrée. La vie comme la mort de Romy Schneider ont fait d'elle un véritable mythe. Sa carrière au cinéma a été honorée par un César posthume en 2008, reçu par Alain Delon. Ce dernier avouera quelques années plus tard que Romy Schneider avait été "le plus grand amour de sa vie".
Plusieurs décennies après sa disparition, son nom reste gravé dans la mémoire collective.