L'écrivain franco-algérien Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024

Kamel Daoud, prix Goncourt 2024
Désigné dès le premier tour
Un livre interdit en Algérie
Une carrière de journaliste
Œuvres littéraires
Arrêté pendant le printemps arabe
Ciblé par une fatwa
Exilé de force
Kamel Daoud, prix Goncourt 2024

Ce lundi 4 novembre, les jurés du prix Goncourt se sont réunis au restaurant Drouant, à Paris, pour dévoiler le nom de leur lauréat. Cette année, le prestigieux prix littéraire a été attribué à l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud pour son roman "Houris".

Désigné dès le premier tour

"Le 122ᵉ prix Goncourt a été accordé, au premier tour, à Kamel Daoud pour Houris chez Gallimard", a annoncé Philippe Claudel, président de l'académie Goncourt, au premier étage du restaurant parisien, aux alentours de 13 heures.

"Houris"

L'écrivain et journaliste franco-algérien a été récompensé pour son ouvrage "Houris", en lice pour plusieurs prix littéraires cet automne. Ce roman revient sur la décennie noire (1991-2002) en Algérie. Aube, une jeune femme enceinte et muette, rescapée d'un massacre perpétré par des islamistes, raconte à la petite fille qu'elle attend le récit des années sanglantes de la guerre civile.

Un livre interdit en Algérie

Comme l'indique l'auteur dans son roman, la loi algérienne interdit toute évocation des évènements de la guerre civile dans un livre. "Houris" n'a donc pas été publié en Algérie, et sa maison d'édition, Gallimard, a même été exclue du Salon du livre d'Alger, qui se tiendra du 6 au 16 novembre.

Photo : Jorono / Pixabay

"C’est votre rêve"

Peu après l'annonce de sa victoire, Kamel Daoud a réagi sur son compte X, en rendant hommage à ses parents. "C’est votre rêve, payé par vos années de vie. À mon père décédé. À ma mère encore vivante, mais qui ne se souvient plus de rien. Aucun mot n'existe pour dire le vrai merci", a-t-il écrit.

 

Une carrière de journaliste

Journaliste, chroniqueur et écrivain, Kamel Daoud est né le 17 juin 1970 à Mesra, en Algérie. Il a commencé sa carrière dans le journal francophone Le Quotidien d'Oran en 1994, dont il sera par la suite le rédacteur en chef pendant huit ans.

Œuvres littéraires

"Houris" est le cinquième roman de Kamel Daoud. Son tout premier, "La Fable du nain" a été publié en 2002, en Algérie seulement. Il est également auteur de multiples nouvelles, d'essais et de chroniques.

Arrêté pendant le printemps arabe

En 2011, Kamel Daoud est brièvement arrêté pendant une manifestation organisée dans le cadre du printemps arabe. Durant cette période, il n'hésite pas à dénoncer certaines dérives de la société algérienne sous l'ère Bouteflika, dont la corruption, la violence, l’hypocrisie religieuse, et les nombreuses inégalités qui affectent le pays.

"Meursault, contre-enquête"

Publié en 2014, son troisième roman intitulé "Meursault, contre-enquête" reçoit le prix Goncourt du premier roman 2015. Cet ouvrage se présente comme une réécriture postcoloniale de "L'Étranger" d'Albert Camus. Il figure également parmi les finalistes du prix Goncourt en 2014.

Ciblé par une fatwa

Le 16 décembre 2014, Kamel Daoud est visé par l'imam salafiste Abdelfattah Hamadache Zeraoui, appelant le gouvernement algérien à le condamner et à l'exécuter pour du crime d'apostasie, passible de la peine de mort selon la loi coranique. Ces menaces ont fait suite à des propos tenus par l'écrivain, qui a critiqué le rapport des musulmans avec leur religion sur le plateau de l'émission 'On n'est pas couchés', diffusée sur France 2.

Exilé de force

Considéré comme un traitre par une bonne partie de l'opinion algérienne, Kamel Daoud a été "exilé par la force des choses", comme il l'a confié dans Le Point, où il écrit régulièrement des chroniques. L'écrivain a été naturalisé français en 2020.

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