Œuvres d'art vandalisées : La Joconde aspergée de soupe par des activistes au Louvre
Faire entendre sa voix en vandalisant des œuvres d'art, c'est la méthode controversée adoptée par de nombreux militants écologistes ces dernières années. Dernière victime en date : La Joconde de Léonard de Vinci, aspergée de soupe au potiron ce dimanche 28 janvier au musée du Louvre.
Deux militantes écologistes du collectif "Riposte alimentaire" ont jeté de la soupe, qu'elles avaient caché dans des thermos à café, sur la vitre blindée protégeant la célèbre peinture de Mona Lisa. Les deux femmes ont justifié leur action par leur volonté de promouvoir "le droit à une alimentation saine et durable", selon un journaliste de l'AFP présent sur place.
Rapidement interpellées, les militantes ont été placées en garde à vue pour dégradation d'un bien classé ou inscrit, comme l'a précisé le parquet de Paris. Par la suite, le Louvre a indiqué à l'AFP que l'œuvre d'art n'avait subi "aucun dommage".
'La Joconde' est l'une des peintures les plus connues au monde, mais aussi l'une des œuvres qui ont été le plus souvent attaquées. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle est protégée par une paroi de verre anti-balles.
La toile du célèbre peintre italien avait déjà été volée en 1911. On y a ensuite jeté des cailloux en 1956, puis on l'a aspergée de couleur rouge en 1974, avant un lancer de gâteaux en 2022.
À l'instar du tableau de Léonard De Vinci, il est de plus en plus fréquent de voir des attaques contre des œuvres d'art dans des musées du monde entier. Vermeer, Van Gogh, Picasso, Monet, Klimt... voici entre autres les noms des artistes dont certaines œuvres ont été délibérément endommagées ou détruites.
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles ces militants s'en prennent aux œuvres d'art. Les premières d'entre elles sont leur valeur artistique ou marchande et leur capacité à attirer l'attention du public.
En novembre 2022, des militants de la section autrichienne du groupe "Dernière génération" a aspergé de liquide noir la célèbre toile 'Mort et vie' du peintre Gustav Klimt. Heureusement, la peinture était protégée par une couche de verre.
Rapidement neutralisés, les deux assaillants ont crié pour appeler à la fin de la "destruction de l'humanité par les énergies fossiles".
Deux des toiles les plus connues du peintre espagnol Francisco de Goya, 'La Maja n u e' et 'La Maja vêtue', qui sont exposées au Musée du Prado à Madrid, ont été ciblées par le collectif "Futuro Vegetal".
Lors de leur action menée le 7 novembre 2022, les activistes se sont collés aux cadres des tableaux et ont écrit "+1,5ºC" sur le mur entre les deux toiles, pour attirer l'attention sur le réchauffement climatique et ses conséquences.
Le tableau 'La Jeune Fille à la perle' du peintre néerlandais Vermeer, qui date de 1665, a été endommagé par des membres de "Just Stop Oil". Durant l'action conduite au mois d'octobre 2022 au Musée Mauritshuis, un homme s'est collé contre le verre de protection de l'œuvre tandis qu'un autre a jeté dessus un liquide qui ressemblait à de la sauce tomate.
Les auteurs de l'action ont été arrêtés et condamnés à des peines de prison, bien que l'œuvre n'ait pas été abîmée. Le groupe "Just Stop Oil" a également initié une série de manifestations afin d'attirer l'attention sur le réchauffement global.
D'autres membres de ce groupe se sont introduits dans le même but à la National Gallery de Londres, visant cette fois 'Les Tournesols' de Van Gogh.
La peinture qui n'a pas été endommagée fait partie d'une série de sept toiles peintes par Van Gogh entre 1886 et 1889. Pour lui, les tournesols étaient un symbole de bonheur et de reconnaissance.
"Just Stop Oil" est aussi à l'origine de l'attaque contre la statue à l'effigie du roi d'Angleterre Charles III au Musée de Madame Tussaud, à Londres, sur laquelle des gâteaux au chocolat ont été jetés.
Toujours dans le même but, des membres du groupe "Dernière génération" ont jeté de la purée de pomme de terre sur l'une des toiles de la série 'Les Meules' du peintre impressionniste Claude Monet. Cette action a eu lieu le 24 octobre 2022.
Cette toile qui se trouve au Musée Barberini de Potsdam, près de Berlin, fait partie d'une série de 25 tableaux réalisée entre 1890 et 1891.
La sculpture 'Le Penseur' d'Auguste Rodin qui se trouve au Musée de Cleveland, aux États-Unis, a été détruite par une bombe en 1970, lancée par des opposants à la guerre du Viêt-Nam.
L'étendue des dégâts ne permit pas de restaurer la statue, une opération particulièrement complexe pour des œuvres en bronze.
La 'Vénus à son miroir' du peintre espagnol Diego Vélasquez, qui se trouve à la National Gallery de Londres, a été attaquée en 1914 avec un hachoir de boucher par la militante féministe Mary Richardson.
Cette militante était déjà connue pour ses activités politiques et ses actions séditieuses. Son attaque visait cette fois à protester contre l'emprisonnement de sa camarade de combat Emmeline Pankhurst.
Le tableau 'La Ronde de nuit' du peintre néerlandais Rembrandt fait partie depuis 1885 de la collection du Rijksmuseum, à Amsterdam. La toile était protégée par une couche de vernis épaisse.
La première attaque sur l'œuvre a eu lieu en 1911, sans provoquer de dégâts. Mais la laque endommagea la peinture qui s'assombrit progressivement. Elle fut donc retirée en 1940.
Mais les dommages les plus importants ont été causés en 1975 par un professeur au chômage et malade psychiquement, qui a découpé l'œuvre après s'être introduit dans le musée. La restauration a duré quatre ans mais les traces de l'attaque étaient encore visibles. En 2019, de nouveaux travaux ont été engagés pour restaurer l'œuvre dans son apparence originale.
La peinture la plus célèbre d'Eugène Delacroix, 'La Liberté guidant le peuple', a été attaquée en 2013 par une femme qui a écrit le message "AE911", un acronyme pour "Architects and Engineers for the Truth about 9/11" ("architectes et ingénieurs pour la vérité sur les attentats du 11-septembre").
La sculpture la 'Petite Sirène' d'Edvard Eriksen, qui se trouve à Copenhague, a eu la tête et les bras coupés à plusieurs reprises. Ce symbole du Danemark a aussi été recouvert de peinture.
L'attaque la plus conséquente a été la décapitation de la statue en 1964, qui a endommagé l'ensemble de la structure. En 2020, la sculpture a été taguée lors d'une manifestation antiraciste à la suite de la mort de George Floyd aux États-Unis.
'Guernica', la célèbre peinture sur la Guerre d'Espagne réalisée en 1937 par Picasso, a été aspergée de peinture en 1974. L'œuvre était alors exposée au Museum of Arts de New York.
Peu de temps après, la peinture a été restaurée et a pu être sauvée. Elle appartient désormais à la collection du Musée national de Madrid.
Pour annoncer la fin du monde, une femme s'est introduite dans le musée d'art de Sao Paulo en 1991 et a versé de la gouache sur une peinture d'Auguste Renoir. L'œuvre est heureusement restée intacte et a seulement dû être nettoyée.
Photo : une salle du musée de Sao Paulo
En 2012, un homme a écrit la phrase "A Potential Piece of Yellowism" ("Un potentiel morceau de jaunisme") sur l'œuvre 'Black on Maroon' de Mark Rotho, à la Tate Modern de Londres. L'assaillant a été incarcéré pendant deux ans, la durée qu'a par ailleurs nécessité la restauration de l'œuvre.
En 1972, pendant la célébration de la messe pontificale à la cathédrale Saint-Pierre de Rome, un homme a frappé à coups de marteau l'une des sculptures les plus connues du génie italien Michel Ange : 'La Pietà'.
La statue a alors perdu son bras et une partie de son nez avant d'être restaurée de fond en comble. Elle est aujourd'hui exposée sous la protection d'une paroi en verre.