"Conclave" : un chef-d'œuvre sur les coulisses du Vatican au cinéma
Le film britannique "Conclave", un thriller captivant sur le pape avec Ralph Fiennes dans le rôle principal, est, avec la comédie musicale "Emilia Pérez", en tête de la liste des nominations pour les Bafta Film Awards qui seront décernés le 16 février. Du côté des Oscars, tous les espoirs sont permis : il apparaît en effet sur la liste finale des nominés pour l'Oscar du Meilleur film, Meilleur acteur, Meilleure actrice dans un second rôle, Meilleur scénario adapté, Meilleur montage, Meilleure bande son, Meilleurs décors et Meilleurs costumes. Rien que ça !
Le film a déjà été récompensé à plusieurs reprises et son réalisateur, Edward Berger, est un habitué des tapis rouges. "À l'ouest, rien de nouveau", l'adaptation du roman éponyme d'Erich Maria Remarque, sortie en 2022, avait remporté quatre Oscars.
L'adaptation du livre de Robert Harris, "Conclave", est un thriller captivant sur les structures de pouvoir au Vatican. Le Saint-Siège tombe de plus en plus en disgrâce auprès des croyants.
Le traitement réservé aux femmes est l'une des causes de ce désamour. Désormais âgée de 74 ans, Isabella Rossellini incarne justement l'une des "nonnes supérieures", Sœur Agnès.
Le film met en scène les coulisses du pontificat du pape François, en expliquant comment un outsider à l'image de cet Argentin progressiste a réussi à se faire élire pape.
Bergoglio fut le premier non-européen de naissance à occuper cette fonction depuis Grégoire III au VIIIe siècle. François a succédé au pape Benoît XVI, qui était aux antipodes de lui.
"Conclave" a reçu plusieurs nominations aux Golden Globes, mais il n'a rien remporté, y compris pour la musique du compositeur allemand Volker Bertelmann.
Ce film critique de l'institution papale a certainement été mal vu à Rome. Les tournages sur place sont d'ailleurs strictement interdits.
N'ayant pas été autorisé à tourner au Vatican, Edward Berger a dû filmer dans d'autres endroits de Rome, comme la Villa Giulia, de janvier à mars 2023. Une partie du tournage a également eu lieu dans les studios Cinecitta.
La Villa Giulia a appartenu aux papes de 1553 à la fin des États pontificaux au XIXe siècle. En 1870, elle est revenue au royaume d'Italie.
Grâce à une caméra exceptionnelle, l'équipe d'Edward Berger a créé une impression d'espace, comme si le film avait été tourné directement sous les arcades du Vatican.
Edward Berger a déclaré dans le journal autrichien Kronen Zeitung : "Le film se déroule dans le plus vieux patriarcat du monde, dans lequel les hommes s'efforcent de maintenir les structures traditionnelles qui garantissent leur pouvoir."
Au festival de cinéma de San Sebastián, en Espagne, Edward Berger a déclaré, de manière provocante dans ce pays resté très catholique, que l'Église dissimule les abus et croit toujours que le célibat des prêtres est légitime.
La fin du film est révolutionnaire, mais il n'est malheureusement pas possible d'en dire plus, car tout le scénario repose sur ce moment précis. Les thématiques abordées pourraient bien se présenter à l'Église dans les années à venir.
Le prochain pape, qui devrait être élu bientôt, aura pour mission de donner un rôle plus important aux femmes dans l'Église. Les apparitions rares, mais marquantes, d'Isabella Rossellini dans le film en sont comme un avant-goût.
Tout le monde attend avec impatience les sélections finales pour les Oscars. Vu le nombre de nominations dont a fait l'objet le film, selon toute vraisemblance, "Conclave" devrait remporter une statuette dans plusieurs catégories.