Le marché du luxe en pleine difficulté
"Au cours des dernières années, le luxe de toutes sortes est devenu obscène, scandaleux et inimaginablement cher", juge le New York Times. La situation dans le monde a également fait évoluer les préoccupations des consommateurs.
"Le luxe est dans une spirale mortelle", selon le quotidien américain. Après une décennie de croissance presque ininterrompue, la tendance s'est retournée, entre autres, à cause de l'évolution de la Chine.
Cette évolution affecte en premier lieu les pays qui produisent des biens de luxe, à commencer par la France et l'Italie.
De son côté, le Wall Street Journal déplore le fait que les différences de qualité entre les produits de luxe et les produits standards soient de moins en moins visibles. Un simple t-shirt en coton Christian Dior peut coûter jusqu'à 1 000 dollars.
Les consommateurs paient pour des biens de luxe précisément parce qu'ils souhaitent se distinguer, et cela devient de plus en plus difficile avec les produits actuels.
Le cabinet de conseil McKinsey souligne dans un rapport que le secteur a connu une phase de "création de valeur exceptionnelle" au cours des cinq dernières années. Les marques de luxe ont surclassé les marchés mondiaux et atteint de nouveaux records de rentabilité.
Le groupe français LVMH a été l'un des principaux bénéficiaires de cette tendance. Son fondateur, Bernard Arnault, est l'un des hommes les plus riches du monde.
McKinsey estime que les hausses de prix dans le luxe ont atteint un plafond, notamment sur le crucial marché chinois, qui a connu une croissance annuelle de plus de 18 % entre 2019 et 2023. Désormais, même l'Empire du Milieu doit se contenter de moins et les accessoires coûteux provenant d'Europe n'y sont plus abordables.
Le terme de "luxe" est dérivé du mot grec "luxuria" qui signifie "gaspillage" ou "démesure". Une démesure qui a précisément caractérisé cette industrie ces 25 dernières années.
Les produits de luxe sont synonymes de richesse, de réussite et d'ascension sociale. Mais les nouvelles générations consomment aujourd'hui de manière plus durable.
Les zones duty-free et les avenues commerçantes des grandes métropoles sont encore remplies de boutiques de luxe et de parfums. Cependant, les problèmes et les transformations des sociétés à l'échelle mondiale pourraient radicalement transformer le luxe, selon l'Institut de l'avenir, un centre de recherches allemand.
Même si certains acteurs, comme LVMH, ont connu des taux de croissance élevés, l'industrie du luxe dans son ensemble n'a enregistré qu'une croissance annuelle moyenne de 3 % ces cinq dernières années, selon le cabinet de conseil Bain & Company.
Quant aux montres suisses, c'est le calme plat. Leurs ventes stagnent à un chiffre d'affaires annuel (toujours très élevé) compris entre 12 et 13 milliards de francs suisses.
Autrefois, les montres et autres sacs à main pouvaient aussi servir de moyens de corruption. Mais, même dans les États autoritaires, la corruption n'a plus bonne presse et les grosses montres au poignet ou les chaînes en or autour du cou peuvent paraître suspectes, tout comme les voitures de luxe.
Plus de la moitié des ventes de produits de luxe ont lieu dans seulement 20 métropoles mondiales, dont huit se trouvent en Asie, indique l'Institut de l'avenir.
Si l'envie de produits coûteux s'amenuise dans ces villes et que le style vestimentaire y évolue, comme dans le reste du monde, vers un look plus "casual", les perspectives s'annoncent sombres pour le secteur du luxe.