Mort de Jean-Luc Godard : une légende du cinéma français disparaît

Jean-Luc Godard est mort
Une légende de la Nouvelle Vague
Rebelle dès le plus jeune âge
Les Cahiers du cinéma
À bout de souffle
Le Mépris
Pierrot le fou
« L’art d’aujourd’hui, c’est Jean-Luc Godard »
Son égérie Anna Karina
Le plus révolutionnaire de la Nouvelle Vague
Godard et mai 68
Faire politiquement du cinéma
Un genre renouvelé
Marqué par le christianisme
Le retour des stars
Au second plan médiatique
Histoires du cinéma
JLG
Une influence considérable
Mais une œuvre qui reste controversée
Les adieux à la caméra
Une page se tourne
Jean-Luc Godard est mort

Cinéaste emblématique de la Nouvelle Vague française né en 1930, Jean-Luc Godard s’est éteint le mardi 13 septembre à l’âge de 91 ans et c’est un monument du cinéma mondial qui disparait.

Une légende de la Nouvelle Vague

Avec d’autres réalisateurs comme François Truffaut ou Éric Rohmer, Jean-Luc Godard a incarné génialement la Nouvelle Vague française dans les années 1960. Certains de ses films comme « Le Mépris » avec Brigitte Bardot (en photo) ou « Pierrot le fou » sont considérés comme certaines des plus grandes œuvres de l’histoire du cinéma.

Rebelle dès le plus jeune âge

Né dans une famille bourgeoise et protestante, Jean-Luc Godard cultive une attitude rebelle dès le plus jeune âge. Il devient le paria de sa famille après avoir été surpris en train de voler des livres, et se brouille au point d’être interdit de se rendre aux obsèques de sa mère en 1954.

Les Cahiers du cinéma

Après avoir voyagé en Amérique du sud et eu une expérience de courte durée comme cadreur à la télévision suisse, le futur réalisateur participe à la nouvelle revue « Les Cahiers du cinéma » dans les années 1950. Il tourne son premier court-métrage, « Tous les garçons s’appellent Patrick », en 1957.

À bout de souffle

Inspiré par le succès des « Quatre-Cents Coups » de son ami François Truffaut, Godard réalise son premier long-métrage, « À bout de souffle », en 1960 : l’histoire d’un jeune voyou joué par Jean-Paul Belmondo qui tombe amoureux d’une étudiante américaine, interprétée par Jean Seberg, avant d’être trahi par elle et abattu par la police. Un grand succès et un coup de génie qui lance véritablement le nouveau mouvement dominant du cinéma français !

Le Mépris

Propulsé par ce coup de tonnerre cinématographique, Jean-Luc Godard enchaîne les réalisations avec un rythme soutenu. Malgré l’échec de certains films (« Le Petit Soldat », « Les Carabiniers »), le succès reste au rendez-vous grâce au « Mépris » (1963), une adaptation d’un roman d’Alberto Moravia avec l’actrice-star du moment, Brigitte Bardot.

Pierrot le fou

Deux ans plus tard, une autre œuvre subversive signée Godard arrive sur les écrans. « Pierrot le fou » montre la fuite vers le sud de la France d’un couple joué par Belmondo et Anna Karina. Autre film-culte de la Nouvelle Vague, « Pierrot le fou » suscite d’abord des réactions controversées mais reçoit un soutien de poids.

« L’art d’aujourd’hui, c’est Jean-Luc Godard »

L’écrivain Louis Aragon adoube le jeune réalisateur dans la revue ‘Les Lettres françaises’ : « Il y a une chose dont je suis sûr, aussi, puis-je commencer tout ceci devant moi qui m’effraye par une assertion, au moins, comme un pilotis solide au milieu des marais : c’est que l’art d’aujourd’hui, c’est Jean-Luc Godard. »

Son égérie Anna Karina

Au début des années 1960, Anna Karina est à la fois l’épouse et l’actrice-fétiche de Jean-Luc Godard. Le couple s’est rencontré sur le tournage du « Petit soldat » en 1960 et s’est marié en 1961 avant de divorcer en 1965. Actrice danoise, Karina a eu joué dans sept de ses films et s’est notamment illustrée dans « Une femme est une femme » en 1961.

Le plus révolutionnaire de la Nouvelle Vague

Par rapport à Claude Chabrol ou François Truffaut, dont l’art est moins radicalement en rupture que le sien, ou à Éric Rohmer, dont l’œuvre est plus contemplative, Jean-Luc Godard est considéré comme le cinéaste le plus révolutionnaire de la Nouvelle Vague. Son œuvre va d’ailleurs être fortement influencée par le contexte politique à la fin des années 1960.

Godard et mai 68

Dès 1967, le réalisateur filme les étudiants maoïstes du campus de Nanterre avec « La Chinoise ». En 1968, il participe aux événements de mai en filmant les manifestations et en participant aux États généraux du cinéma français. Il s’éloigne du cinéma classique pour lier entièrement son œuvre à son engagement à gauche.

Faire politiquement du cinéma

Dans les années qui suivent Mai 68, Jean-Luc Godard revendique de faire « politiquement » du cinéma et fonde le collectif « Dziga Vertov », d’inspiration maoïste. En rupture avec le milieu de la télévision et du cinéma français, il tourne parfois à l’étranger et traverse une période difficile. Mais il revient en grâce avec « Tout va bien », un long-métrage qui met en scène le kidnapping d’Yves Montand et de Jane Fonda par des ouvriers en grève.

Un genre renouvelé

À la fin des années 1970, Godard réintègre le circuit classique du cinéma. En 1980, « Sauve qui peut (la vie) » marque son vrai retour, réunissant des grands noms alors encore jeunes : Jacques Dutronc, Isabelle Huppert, Nathalie Baye. Le film fait apparaître un genre renouvelé, mettant en scène différents personnages en proie aux difficultés de la vie.

Marqué par le christianisme

Dans les années 1980, Jean-Luc Godard tourne de nouveau à un rythme soutenu d’un long-métrage par an. Avec « Je vous salue, Marie », il renoue avec le christianisme de sa jeunesse en adaptant l’histoire de la Vierge Marie à l’époque contemporaine. Au-delà de la dimension religieuse, le film est en réalité une ode au pouvoir rédempteur de l’art et de l’image.

Le retour des stars

Malgré son rejet de l’esprit matérialiste des années 1980, Jean-Luc Godard fait jouer à l’époque des acteurs-stars, comme Alain Delon ou Isabelle Huppert. Dans le film « Détective » qui mêle plusieurs histoires dans un grand hôtel parisien, de nombreuses stars comme Johnny Hallyday ou Nathalie Baye apparaissent aux côtés de l’acteur emblématique de la Nouvelle Vague Jean-Pierre Léaud.

Au second plan médiatique

De plus en plus isolé, Jean-Luc Godard est apparu en retrait de la scène culturelle et médiatique dans la seconde partie de sa vie. Une forme de retenue qui contraste avec ses débuts tonitruants et ses prises de position révolutionnaires dans les années post-68.

Histoires du cinéma

Dans les années 1990, Godard se consacre au titanesque « Histoire(s) du cinéma », une série de huit épisodes, diffusée sur Canal+ en 1998. Un hommage vibrant au septième art où le réalisateur fait preuve d’une érudition exceptionnelle.

JLG

Mais Jean-Luc Godard ne s’est jamais autant livré que dans « JLG/JLG. Autoportrait de décembre » (1994), l’histoire autobiographique d’un jeune homme issu d’une famille protestante. Un véritable « hymne à l’art » selon ‘Télérama’.

Une influence considérable

Le cinéma de Godard a eu une influence considérable, évidemment en France, mais aussi au-delà des frontières. Plusieurs réalisateurs américains nés dans les années 1940, comme Martin Scorsese, Francis Ford Coppola ou Brian de Palma se sont inspirés de lui. Et Quentin Tarantino (photo) a baptisé sa société de production « A Band Apart », en hommage à « Bande à part » de Godard.

Mais une œuvre qui reste controversée

Son œuvre est toutefois loin de faire l’unanimité, y compris dans les milieux de l’art et du cinéma. Pourtant engagé à gauche, le réalisateur Costa-Gavras a déclaré aux ‘Inrocks’ que les œuvres de sa période maoïste n’étaient que des « films de gauchiste ». Et l’écrivain Philip Roth trouve son cinéma tout simplement « insupportable ».

Les adieux à la caméra

Jean-Luc Godard a cessé progressivement de tourner à partir des années 2000. Après l’échec de « Notre musique » en 2004, il réalise « Film Socialisme » en 2010, présenté au Festival de Cannes et dont le titre résonne comme un hommage aux deux utopies qui l’ont animé. Son baroud d’honneur a été « Le livre d’image », qui a décroché une Palme d’or spéciale à Cannes en 2018.

Une page se tourne

Avec le décès de Jean-Luc Godard, c’est le dernier grand nom, et sans doute le plus fameux, de la Nouvelle Vague français qui s’est éteint. Godard a rejoint ses compagnons Truffaut, Rohmer, Chabrol et Rivette dans l’éternité du cinéma français et mondial. Son œuvre complexe et multiforme restera dans tous les cas comme l’une des plus originales et les plus créatives du septième art.

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