Daniel Balavoine : toujours une légende après son décès prématuré

37 ans après…
Un chanteur à la voix unique
Un adolescent doué mais indiscipliné
Des débuts difficiles
Un premier engagement
Révélé par Michel Berger
Starmania
Le Chanteur
Un clash avec François Mitterrand
Engagé mais indépendant
Un autre monde
Contre la variété
La musique avant tout
Sensible aux innovations
Loin des yeux de l’Occident
Une carrière internationale qui n’aura pas lieu
Le Paris-Dakar
Une mort brutale dans un accident d’hélicoptère
Un goût d’inachevé
Un artiste toujours célébré
Un ovni musical
37 ans après…

Il y a un peu plus de 37 ans, le 14 janvier 1986, le chanteur Daniel Balavoine disparaissait de manière spectaculaire dans un accident d’hélicoptère survenu au Mali lors du Paris-Dakar. L’âge de son décès (33 ans) ajoute une dimension mythique à sa légende. Retour en images sur la vie d’un chanteur et d’un homme qui a marqué une génération.

Un chanteur à la voix unique

Par rapport aux autres chanteurs de l’époque, Balavoine s’est distingué par un timbre puissant et haut perché qui lui permet de nombreuses envolées lyriques, mais aussi par l’atmosphère intense et la radicalité des paroles de ses chansons, qui abordent volontiers des thématiques sociales. Ses engagements personnels et ses interventions médiatiques sont également restés célèbres.

Un adolescent doué mais indiscipliné

Entré jeune en pensionnat, Daniel rejette l’atmosphère qui y règne et interrompt sa scolarité avant le baccalauréat pour se consacrer à la musique, non sans avoir participé au mouvement de Mai 68. Passionné de littérature, sa première révélation musicale lui est venue à onze ans, en écoutant le tube « She loves you » des Beatles.

Des débuts difficiles

Le chanteur en herbe commence sa carrière au début des années 1970. Il chante dans des groupes comme « Présence » et sort son premier disque en solo, mais le succès n’est pas au encore rendez-vous. Balavoine prend un emploi de disquaire tout en participant à des chœurs.

Un premier engagement

Choqué par le climat politique lors d’un voyage dans la Pologne du temps de la Guerre froide, Balavoine imagine un album-concept autour du mur de Berlin, intitulé « Les Aventures de Simon et Gunther », qui mélange différents genres. Les ventes sont faibles mais l’originalité de l’album détonne dans le paysage de la chanson de l’époque.

Révélé par Michel Berger

Alors qu’il prépare la comédie musicale « Starmania », Michel Berger découvre par hasard Balavoine à la télévision. La tessiture large du jeune chanteur l’impressionne. Il le choisit pour le rôle de Johnny Rockfort.

Starmania

L’opéra-rock fait un carton en France en 1978, avec plus de deux millions de disques vendus. Avec son style rebelle, Daniel Balavoine se fait remarquer en interprétant plusieurs de ses tubes restés célèbres, comme « SOS d’un terrien en détresse » ou « Quand on arrive en ville ».

Le Chanteur

La même année, il enregistre son troisième album, « Le Chanteur », avec le groupe Clin d’œil. Un autre succès fulgurant, notamment grâce à la chanson-titre, archétype du style passionné de Balavoine, qui se vend à plus de 500 000 exemplaires. Une star est née.

Un clash avec François Mitterrand

En mars 1980, alors que la campagne présidentielle de l’année suivante se prépare, Balavoine défraye la chronique lorsqu’il prend à partie le candidat socialiste François Mitterrand, présent sur le plateau, en accusant la classe politique d’ignorer des problèmes de la jeunesse. Un clash resté célèbre, qui lui vaudra une image de chanteur porte-parole des jeunes.

Engagé mais indépendant

Après avoir soutenu la campagne contestataire de l’humoriste Coluche, Balavoine se rallie finalement à Mitterrand en 1981 et chante en première partie de ses meetings. Mais il finit par se rétracter, par crainte d’une récupération politique.

Un autre monde

À la fin de l’année 1980, la nouvelle icône de la chanson française sort l’album « Un autre monde », qui contient notamment les célèbres titres « Mon fils ma bataille » et « Je ne suis pas un héros ». Le chanteur fait salle comble dans les plus grandes salles de concert de France.

Contre la variété

Daniel Balavoine revendique un style musical original, voire expérimental, et une écriture qui aborde des sujets de société, comme les addictions, le chômage ou le divorce. En 1985, le chanteur reçoit le prix de la chanson antiraciste, décerné par l’association SOS Racisme, pour « L’Aziza ». Il se démarque d’artistes comme Claude François ou Michel Sardou par son refus affiché des « variétés » et de la musique de « music-hall » qu’il juge déconnectée des attentes de la jeunesse.

La musique avant tout

Mais il se distingue aussi des grands chanteurs à texte comme Brassens ou Aznavour par sa volonté de faire primer la musique sur les paroles. Il est d’ailleurs l’un des rares chanteurs français à avoir enregistré des chansons sans paroles dans ses albums, comme « La Danse », dans l’album « Vendeurs de larmes » en 1982.

Sensible aux innovations

Son désir de renouvellement de la chanson française se manifeste aussi à travers son enthousiasme pour les innovations musicales, alors que le CD et l’informatique commencent à peine à se développer. Féru d’innovation et de technologie, il utilise de plus en plus souvent des instruments électroniques et des synthétiseurs dans les années 1980.

Loin des yeux de l’Occident

Cette envie de voguer loin des horizons classiques et insouciants de la chanson le pousse à s’essayer à des styles musicaux et des sujets plus variés, avec l’album « Loin des yeux de l’Occident ». La chanson « Pour la femme veuve qui s’éveille » dénonce tout à la fois la famine en Afrique, la politique de l’enfant unique en Chine et les camps de travail en URSS.

Une carrière internationale qui n’aura pas lieu

Désireux de mêler la poésie de la langue française et la musicalité du rock anglo-saxon, Balavoine s’apprêtait à donner une dimension internationale à sa carrière. Il devait s’installer à Londres en 1986. Mais le destin en décidera autrement.

Le Paris-Dakar

Alors que les artistes s’engagent de plus en plus dans l’action humanitaire internationale, Balavoine s’investit dans l’opération « Paris du cœur », en lien avec la course automobile du Paris-Dakar à laquelle il avait déjà participé. Il doit superviser dans ce cadre l’installation de pompes à eaux sur le continent africain où il se rend à l’hiver en 1986.

Une mort brutale dans un accident d’hélicoptère

C’est pendant cette opération que Daniel Balavoine décède prématurément dans un accident d’hélicoptère. Après un arrêt forcé, l’engin avait redécollé sans explication avec ses passagers à bord malgré des conditions météo exécrables. Une étoile montante de la musique s’est éteinte brutalement.

Un goût d’inachevé

La star de la chanson laisse derrière lui deux enfants (dont un né après sa mort) et de nombreux projets inachevés. Entre la poursuite de ses projets musicaux, son départ prévu à Londres et son envie de se lancer dans le cinéma ou la politique après quarante ans, personne ne sait aujourd’hui ce qu’aurait été la suite de la vie de Balavoine.

Un artiste toujours célébré

Son ami Michel Berger lui a rendu hommage en composant pour France Gall la chanson « Évidemment », dans un album sorti en 1987, et sa propre chanson « La Minute de silence ». Des années après sa mort, de très nombreux artistes continuent à célébrer Balavoine, comme le rappeur Soprano dans sa chanson « Hiro » ou le chanteur Benjamin Biolay qui a repris « Tous les cris les SOS ».

Un ovni musical

À la fois poète lyrique et voix hors pair, chanteur engagé et passionné de technologies musicales, la trajectoire de Balavoine a filé comme un ovni sur la scène musicale française. Trop vite, diront certains. Même si son parcours laisse un goût d’inachevé, on ne peut qu’applaudir la force et la nouveauté d’une œuvre toujours appréciée 37 ans après sa disparition.

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