Philippe Poutou : le candidat qui détonne

Non-invités
Des conditions imposées par le président
Injuste
Fils de postier
Il rejoint Lutte ouvrière
CDI chez Ford
Responsable CGT
Naissance du
Remplace Olivier Besancenot
1,15 % des voix
Candidat en Gironde
Quitte le comité exécutif du NPA
Refuse l’aide du Front national
Tous corrompus
Il se démarque
Trop extrême ?
Les tocards de la politique
Défend les Gilets jaunes
Fermeture de l'usine Ford de Blanquefort
Siège au Conseil municipal et au conseil communautaire de Bordeaux
Troisième campagne
596 parrainages
Une confrontation attendue ?
Non-invités

Lors de son émission "Face à la guerre" le 14 mars, TF1 n’a pas tout à fait joué le jeu… La chaîne n’a en effet invité que huit des douze candidats à la course à l’Élysée. Parmi les absents, qui crient au scandale, Nathalie Arthaud, Jean Lassalle et Nicolas Dupont-Aignan et Philippe Poutou.

Des conditions imposées par le président

Les candidats ont débattu de la situation actuelle en Europe et de leurs programmes, chacun leur tour, sans se confronter. Selon l’Opinion, ces conditions, ainsi que le fait d’évincer certains candidats, seraient liés aux conditions imposées par Emmanuel Macron.

"Ceux qui en fait nous assujettissent"

Indigné, Jean Lassalle, du mouvement "Résistons", se défend : "Je suis candidat à la présidence de la République. Nous sommes douze (...) j’ai reçu mon récépissé de candidature", dit-il à Sud Radio le 15 mars. "Ceux qui en fait nous assujettissent, les plus grandes fortunes du pays et du monde, est-ce qu’il est normal qu’ils puissent faire leur choix en passant outre la volonté des maires, de ceux qui s’apprêtent à voter pour moi ?".

"Une envolée de promesses"

Nathalie Arthaud de la "Lutte Ouvrière", dénonce quant à elle "une envolée de promesses, beaucoup de pommade" et rappelle que "tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute".

Injuste

Pour Philippe Poutou, la démocratie "selon TF1 et l’Arcom" (ex-CSA) est injuste. "Une pensée pour les 596 élu.e.s qui ont parrainé Philippe Poutou. Visiblement leur parrainage vaut moins que celui des élu·e·s qui ont parrainé Macron, Le Pen ou Zemmour", a-t-il Tweeté.

"C*ca, pipi, c*ca-pipi-talisme"

Pourtant, ce dernier a bien réuni les votes nécessaires pour être candidat, bien qu’il ne soit pas aussi connu que son prédécesseur au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Il prône une "écologie radicale" prévoyant "l'expropriation" de grands groupes et une agriculture socialisée "entre les mains de la petite paysannerie". Son programme comprend la retraite à 60 ans, la 6e semaine de congé payé, la semaine de 32 h et la sortie du nucléaire en dix an. Portrait de celui qui détonne par son style et son programme.

Fils de postier

Fils d'un père postier et d'une mère femme au foyer, Philippe Pouton est né le 14 mars 1967 à Villemomble (Seine-Saint-Denis).

Il rejoint Lutte ouvrière

"Avec des copains anars, on était en révolte contre la société", raconte-t-il dans Le Parisien en 2011. Il raconte aussi qu’il avait tendance à se disputer avec son père, qui lui, soutenait Mitterrand. "Je trouvais que le socialisme, c’était pas terrible". Alors à 18 ans, il rejoint Lutte ouvrière (LO) et fait campagne pour Arlette Laguiller.

CDI chez Ford

La même année, il rate son baccalauréat mécanique. Il enchaîne alors les petits boulots : intérimaires, surveillant de collège, "un peu tout ce qui me tombait sous la main", dit-il encore au Parisien. Puis, en 1996, il est embauché chez Ford en CDI, en tant que réparateur de machines-outils, dans l’usine de Blanquefort en Gironde. Il fabrique principalement des boîtes de vitesses automatiques.

"La Voix des travailleurs"

En 1997, après une crise interne au sein de Lutte Ouvrière, Philippe Poutou, ainsi que plusieurs membres se font exclure. Ensemble, ils forment le parti "La Voix des travailleurs", qui intègre la "Ligue communiste révolutionnaire" (LCR) en 2000.

Responsable CGT

Philippe Poutou acquiert sa notoriété publique en 2007. Cette année-là, il lutte pour sauver l’usine de Blanquefort dans laquelle il travaille et au sein de laquelle il est responsable de la section syndicale de la CGT. Grâce à son engagement, 955 emplois, soit la moitié, ont été maintenus. “L’interdiction des licenciements, ce devrait être dans tous les programmes”, l’entend-on souvent plaider.

Naissance du "Nouveau Parti anticapitaliste"

En 2007, Philippe Poutou est candidat aux élections législatives de 2007, en Gironde. En 2009, après l’échec des élections présidentielles où Olivier Besancenot ne remporte que 4,08 % des voix, la Ligue communiste révolutionnaire devient le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Puis en 2010, il mène la liste du NPA aux élections régionales de 2010 en Aquitaine. Sa liste recueille 2,52 % des suffrages exprimés.

Remplace Olivier Besancenot

En 2012, Philippe Poutou remplace Olivier Besancenot en tant que candidat pour représenter le NPA. Bien qu’il ne souhaite pas faire carrière en politique, il est d’autant plus remarqué grâce à son naturel.

1,15 % des voix

Lors du premier tour, il finit huitième, sur dix candidats, avec 1,15 % des voix, bien moins que Besancenot en 2007, qui obtient 4,08%. Au second tour, il appelle à voter François Hollande contre Nicolas Sarkozy.

Candidat en Gironde

Après 2012, Philippe Poutou reste au NPA. De nouveau candidat aux élections législatives dans la cinquième circonscription de la Gironde, il obtient 2,12 % des suffrages.

Quitte le comité exécutif du NPA

Il quitte le comité exécutif du NPA en 2014, jugeant ce dernier "trop parisien". Selon lui, le fait qu’il vive à Bordeaux l’empêche de s’intégrer. Mais de plus, au sein du comité exécutif, les conflits interpersonnels se multiplient, selon lui. Mais les raisons ne sont pas politiques, dit-il.

"Nos vies valent plus que leurs profits"

Selon les règles du NPA, un candidat ne peut pas se présenter plus de deux fois. Quand il se déclare candidat en 2017, Philippe Poutou déclare donc que ce sera sa dernière élection présidentielle. L’actualité étant marquée à cette époque par la mobilisation contre la loi travaille et le mouvement Nuit debout, son slogan de campagne est "Nos vies valent plus que leurs profits".

Refuse l’aide du Front national

Bien qu’il ait du mal à réunir les 500 parrainages nécessaires, il refuse l’aide proposée par le Front national. Il finit par obtenir 573 soutiens grâce à l’aide de la trotskiste Nathalie Arthaud et du Centriste Jean Lassalle.

Tous corrompus

Le 4 avril 2017, le débat télévisé regroupe les onze candidats. Philippe Poutou est celui qui dénonce "les politiciens corrompus, déconnectés de la réalité". Il lance même directement à Marine Le Pen : "Nous quand on est convoqué par la police, on n'a pas d'immunité ouvrière, désolé, on y va", faisant référence à ses affaires judiciaires. Cette dernière avait refusé de se rendre à une convocation des juges en invoquant son immunité parlementaire.

Il se démarque

Comme il refuse également d'apparaître avant le débat sur la photo rassemblant l'ensemble des candidats, depuis l’étranger, il est perçu comme celui s’étant le plus démarqué.

Trop extrême ?

Il est ensuite plutôt critiqué pour ses positions suite à l'assassinat d'un policier sur les Champs-Élysées. Sur France 2, il déclare quelques minutes après l’attentat qu’il faut "désarmer les policiers, car ils agressent dans les manifs, les jeunes et les quartiers populaires".

Les tocards de la politique

Après le premier tour, il recueille 1,09 % des voix. Mais cette fois, il refuse de donner ses consignes de vote pour le second tour. Il considère, en effet, que Marine Le Pen est semblable à Emmanuel Macron, "un avatar indésirable du capitalisme" et qu'il a "récupéré tous les tocards de la politique".

Défend les Gilets jaunes

En 2018, l'augmentation du prix des carburants automobiles mène de nombreux contestataires contre ces hausses, à se structurer autour du mouvement des Gilets jaunes. Philippe Poutou participe activement au mouvement. Ce dernier est selon lui "l'expression d'un ras-le-bol contre une société qui est profondément injuste".

Fermeture de l'usine Ford de Blanquefort

Par la suite, en 2018 puis 2019, il milite contre la fermeture de l'usine Ford de Blanquefort, où il est toujours salarié. Malgré tout, elle ferme en 2019. La demande de Philippe Poutou de récupérer les 15 millions d'euros d'aides publiques auprès de l’État est un échec.

Siège au Conseil municipal et au conseil communautaire de Bordeaux

Candidat aux élections municipales de 2020 à Bordeaux pour le collectif "Bordeaux en lutte", soutenue par le NPA, La France insoumise et de Gilets jaunes, il prône la contestation sociale et propose la gratuité des transports en commun et la réquisition des logements vides. Il remporte 11,8 % des suffrages au premier tour. Puis au second tour, sa liste n’arrive qu’en troisième position avec 9,4 % des voix. Il obtient donc trois sièges au Conseil municipal et un au conseil communautaire : c’est le premier mandat pour lequel il est élu. "On a réussi à faire entendre la colère sociale et faire la démonstration que Bordeaux n'est pas qu'une ville bourgeoise", déclare-t-il.

Troisième campagne

En juin 2021, alors qu’il avait déclaré en 2017 qu’il ne serait plus candidat aux présidentielles, il est investi par le NPA pour les élections de 2022. C’est donc sa troisième campagne consécutive.

596 parrainages

Sa candidature est acceptée de justesse le 7 mars 2022, avec 596 parrainages.

Une confrontation attendue ?

Selon l’entourage d’Emmanuel Macron dans Libération, le président souhaite éviter une confrontation avec Philippe Poutou. Il aurait en effet peur de se retrouver face à celui qui a dézingué François Fillon en direct et de se retrouver face des manifestations du mouvement des Gilets jaunes, les "milliers de lits supprimés à l'hôpital", "la chasse aux réfugiés", "les tentes lacérées" ou encore "les morts en Méditerranée".

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