Pourquoi les stations-service et les magasins du Royaume-Uni sont-ils en rupture de stock ?
Les jours sont durs en Grande-Bretagne. Des jours de chaos et de pénuries de carburant dans les stations-service. Un mois de septembre difficile. Il y a même eu des bagarres pour faire le plein, des gens essayant d'obtenir du carburant en se battant les uns contre les autres. Et ce n'est pas seulement l'essence qui est en pénurie au Royaume-Uni.
Des images de supermarchés où de nombreux produits sont manifestement absents nous sont également parvenues de Grande-Bretagne. Que se passe-t-il ?
La réponse est simple : le BREXIT cause de sérieux problèmes d'approvisionnement pour la Grande-Bretagne. La sortie de l'Union européenne visait, entre autres, à promouvoir la priorité des travailleurs britanniques sur les travailleurs étrangers. Mais la réalité est que les travailleurs étrangers sont nécessaires et, dans ce cas, l'absence de milliers de chauffeurs routiers non britanniques expulsés du Royaume-Uni devient notoire. Et problématique...
On estime que 20 000 chauffeurs routiers non britanniques, qui travaillaient au Royaume-Uni avant le BREXIT, ont dû quitter le pays. En effet, la législation pour obtenir un permis de travail en Grande-Bretagne a été durcie et, face aux obstacles bureaucratiques, beaucoup ont décidé de continuer à travailler sans problème dans le reste de l'Union européenne. Il n'y a donc personne pour conduire les camions qui approvisionnent les stations-service en carburant et ces dernières, comme on peut le voir sur la photo, deviennent inopérantes.
Évidemment, l'arrêt de la distribution affecte d'autres produits. Les rayons vides de certains supermarchés sont les plus frappants, mais il y a eu des cas plus graves : la pénurie de tubes de verre pour prélever des échantillons de sang a entraîné la suspension des tests dans certains hôpitaux.
L'essence ayant provoqué un vent de panique, certaines entreprises ont déjà choisi de revenir au télétravail généralisé, comme cela avait été fait au plus fort de la pandémie. Le gouvernement exhorte les citoyens à rester calmes et à ne pas emmagasiner de l'essence car, disent-ils, cela pourrait empêcher les travailleurs essentiels (notamment les professionnels de santé) de se rendre au travail.
Une crise à laquelle Boris Johnson doit faire face et dans laquelle il a même laissé entendre qu'il pourrait mobiliser l'armée si le pays devait être approvisionné. Mais au-delà de la résolution de cette pénurie ponctuelle d'approvisionnement, ce qu'il faut, c'est accepter que certains aspects du BREXIT sont absurdes dans un monde globalisé.
Tout comme Trump a crié "America First !", le BREXIT a consisté à affirmer que la Grande-Bretagne passait avant tout le reste. Mais cette crise pétrolière montre qu'aucun pays ne peut se suffire à lui-même. Que l'économie mondiale est interconnectée.
Les scènes de pénurie ont rappelé à certains les lointaines années 1970, lorsque les grèves sauvages ont laissé la Grande-Bretagne au bord du chaos et que les supermarchés ressemblaient beaucoup à ce qu'ils sont aujourd'hui.
Une fois encore, la Grande-Bretagne est confrontée (comme lors de périodes telles que l'"hiver du mécontentement", prologue à la victoire écrasante de Margaret Thatcher en 1979) à une situation de pénurie de produits.
Les récits des correspondants étrangers au Royaume-Uni racontent que des personnes viennent aux premières heures du matin pour attendre que la station-service soit en mesure de livrer du carburant. Des heures d'attente, sans savoir si l'essence va arriver.
L'idée a été émise que certains travailleurs (dont le trajet est essentiel) devraient avoir la priorité pour le ravitaillement. Mais Boris Johnson y résiste. Cela nécessiterait une documentation qui ressemblerait trop à une sorte de "carte de rationnement".
Le capitalisme et les restrictions à la libre circulation des travailleurs ne font pas bon marché. Cela devient évident au Royaume-Uni.
Le BREXIT s'est concrétisé au grand bonheur de la moitié des Britanniques, mais l'autre moitié a été traumatisée. Aujourd'hui, les conséquences de la sortie de l'Union européenne accentuent cette division de la société en pôles de plus en plus éloignés.
Gardez votre calme et continuez, comme le dit le slogan de propagande popularisé en Grande-Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Encore une fois, c'est l'attitude que l'on conseille aux Britanniques d'adopter et sur laquelle Boris Johnson s'appuie : tenir bon jusqu'à ce que la tempête passe.
Pour l'instant, le gouvernement britannique envisage de suspendre les règles du BREXIT pendant un certain temps et de permettre à des milliers de camionneurs étrangers de travailler au Royaume-Uni. Et que l'essence retourne dans les stations-service et mette fin aux images de chaos qui sont un cauchemar pour Boris Johnson.