400 ans de Molière : saurez-vous être incollables sur son œuvre ?

Joyeux anniversaire !
Résumé de ses meilleures œuvres
“Le Bourgeois gentilhomme”, 1670
La dernière pièce de Molière
Joyeux anniversaire !

Molière a eu 400 ans le 15 janvier 2022 ! Et on peut dire que le dramaturge le plus connu du monde n'a pas pris une ride. Qui ne connaît pas au moins une de ses pièces ? Auteurs et comédiens favoris de Louis XIV, son génie repose sur la farce, les jeux de mot... et la morale.

Résumé de ses meilleures œuvres

Pourtant et même si de nombreuses personnalités, - à l'instar de Roselyne Bachelot, Valérie Pécresse ou Francis Huster - militent pour le faire Panthéoniser, l'Élysée refuse. Mais consolez-vous, on vous a résumé ses œuvres et leur contexte pour tout savoir dessus sans même avoir eu besoin de les lire.

"Le médecin volant", 1659

Cette farce, composée d’un seul acte et de seize scènes, n’a jamais été publiée du vivant de Molière. Elle présente Sganarelle, un valet simplet, qui cherche à se faire passer pour un médecin savant. Il souhaite ainsi convaincre Gorgibus que sa fille, Lucile, qui se fait passer pour malade, doit aller se reposer à la campagne. Ainsi, cette dernière pourra épouser Valère en cachette et éviter le mariage que son père a prévu pour elle.

"Après le médecin, gare à la mort !"

Dans cette pièce, Sganarelle se révèle plus malin qu’il ne semble l’être. C’est l’élément comique principal de cette pièce : le voir découvrir ses capacités et son intelligence. S’il fait de nombreuses bourdes, il se montre tout de même très inventif. Par exemple, il justifie sa ressemblance physique avec le médecin en le faisant passer pour son frère jumeau avec lequel il ne s’entend pas et se voit obligé de jouer les deux rôles. Ce thème sera largement repris dans des pièces comme "Le médecin malgré lui" ou "Le malade imaginaire".

"Les précieuses ridicules", 1659

Deux jeunes seigneurs parisiens, La Grange et Du Croisy, repartent en colère et vexés de la maison de Gorgibus, riche bourgeois de province. Ce dernier est arrivé à Paris récemment pour marier sa fille Madelon et sa nièce Cathos. Mais ces dernières jugent que les deux hommes ne sont pas assez à la mode : elles aspirent à de grandes romances. La Grange et Du Croisy sont bien décidés à se venger.

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"Deux pecques provinciales"

Selon La Grange, ce mépris des “deux pecques provinciales” vient du fait qu’elles soient impressionnées par les manières des précieuses de la capitale, en imitant vulgairement leur logorrhée et leurs traits d’esprit. La Grange leur joue donc un vilain tour : il demande à son valet, Mascarille, de se faire passer pour un marquis auprès des deux jeunes filles. Séduites par son titre, elles lui réservent un très bon accueil. Le summum de la farce est atteint au moment où Du Croisy envoie aussi son valet, qui se fait passer pour le vicomte Jodelet. Mais la farce tourne court quand La Grange et Du Croisy essaient de tabasser leurs valets. La supercherie est dévoilée, les “précieuses ridicules" sont humiliées, adieu le beau mariage, la romance et le statut social.

"Hors de Paris il n'y a point de salut pour les honnêtes gens"

À l'époque, c’est Molière, alors âgé de 37 ans, qui joue le rôle de Mascarille. "Les précieuses ridicules" est la première pièce avec laquelle il connaîtra son véritable premier succès. Cette comédie est en fait une satire contre la mode du XVIIe siècle, l’esprit précieux qui poussé trop loin, se mue en phrasés ridicules. L'œuvre et la première de la série d’œuvres de Molière où il défend l’émancipation des femmes contre la morale répressive qui leur est imposée. Cette série comprendra par la suite "L’École des maris", "L’École des femmes" et "Les Femmes savantes".

"L’École des maris", 1661

À la mort de leur père, Léonore et Isabelle, deux sœurs, sont confiées sous la tutelle de deux frères d'âge mûr, Ariste et Sganarelle. Ils sont chargés de les éduquer afin "de les épouser" ou "d’en disposer". S’ils espèrent tous deux se faire aimer de leur pupille, leurs méthodes d'éducation sont radicalement différentes. Ariste, 60 ans, laisse Léonore faire ses propres choix. Elle finira par l'épouser. Quant à Sganaralle, il est jaloux, traque les moindres faits et gestes d’Isabelle et la séquestre. Évidemment, cette dernière tombe amoureuse d’un autre, Valère. Par une série de ruses très créatives, elle réussit à arnaquer Sganarelle et épouser Valère.

"Et les soins défiants, les verrous et les grilles / ne font pas la vertu des femmes ni des filles"

Les personnages féminins de cette pièce sont extrêmement modernes. Isabelle se moque et déjoue un Sganarelle bougon et immature. Lisette, servante de Léonor, dénonce abus et inégalités, tandis que Léonore vante son libre-arbitre. Le pouvoir des femmes confisqué par les hommes est violemment mis à mal et critiqué. Cette pièce, encore aujourd’hui, met en lumière des questions sociales et politiques concernant la place des femmes dans la société et le patriarcat qui ne peut pas en sortir vainqueur.

"L’École des femmes", 1662

Agnès, jeune fille naïve et soumise, est contrainte d'épouser Arnolphe, vieil homme qu’elle n’aime pas, mais qui l'a élevée depuis son enfance. Ce dernier, pour qui une femme ne peut être vertueuse que si elle n’est pas éduquée, la fait élever depuis son enfance au fond de sa maison, par une servante, Georgette, et un valet, Alian, guère futés. Coupée du monde, Agnès ignore tout de la vie courante. Mais un jour qu’elle est à sa fenêtre, lasse de son isolement, passe le bel Horace qui lui fait la cour et dont elle tombe éperdument amoureuse.

"Il le faut avouer, l'amour est un grand maître: / Ce qu'on ne fut jamais, il nous enseigne à l'être"

La plus grande crainte d’Arnolphe est d’être un mari trompé. Bien que naïve, Agnès trouve des subterfuges pour faire parvenir sa lettre à Horace et le faire entrer chez elle, avant de planifier leur fuite. Le comble de la farce est atteint quand Horace, qui ne sait pas qu'Arnolphe est le tuteur d'Agnès, le prend pour confident et lui raconte les plans de sa dulcinée. Quand Horace découvre la vérité, il se rend également compte qu'Agnès est la fille du seigneur Enrique, un ami du père d'Horace. Enrique accorde la main de sa fille à Horace. Arnolphe se retrouve ainsi puni pour son système d’éducation.

"Le petit chat est mort"

"L’École des femmes" est la pièce qui a rapporté le plus de succès et de revenus à sa troupe. À l’époque, les filles devaient absolument rester vierges jusqu’au mariage : une idée que Molière remet largement en question. La pièce suscite de vives critiques. Il est notamment reproché à Molière d’aborder des sujets trop sérieux et politiques dans une comédie.

"La critique de l’École des femmes", 1663

Deux femmes, Uranie, - en référence à la muse de l'astronomie - et Élise, reçoivent des contemporains avec lesquels elles discutent de la pièce "L'École des femmes", qu’ils viennent de voir. Certains l’ont détestée : le pédant Lysidas, auteur jaloux du succès de la pièce, le Marquis, sot et prétentieux et Climène, pudique et susceptible. D’autres l’ont adorée : Dorante, ami de Molière, homme posé et tranquille, Uranie, la maîtresse de maison, et Élise, femme d'esprit, qui fait semblant de soutenir la partie adverse, en mettant en avant le ridicule des défenseurs du contre. À la fin de la pièce, personne ne change d’avis, chacun étant persuadé d’avoir raison. L’annonce du dîner clôt les débats et la pièce.

"Tarte à la crème !"

Ceux qui n'appréciaient pas la pièce originale, "L’École des femmes" et qui sont directement concernés par cette nouvelle œuvre, sont vent debout contre "Critique". Certains se sont sentis même injustement visés, à l’instar du duc de La Feuillade, maréchal de France sous Louis XIV. Il crut se reconnaître dans le personnage du petit Marquis qui répétait sans cesse : "Tarte à la crème !" dans la pièce. Pour se venger, alors que Molière le salue en feintant la gentillesse, La Feuillade lui attrape la tête et la frotte contre les boutons tranchants de son habit, en criant "Tarte à la crème, Molière, tarte à la crème !". Molière se retrouve le visage en sang et si roi exprime son indignation, le duc ne sera pas puni.

"Le Tartuffe ou l'Imposteur", 1664

Orgon est un bourgeois fortuné et charitable qui vit avec sa famille dans une ambiance paisible et soudée. Mais quand ce dernier recueille Tartuffe, qu’il admire et qui se fait passer pour un homme d’Église, tout part à vau-l’eau. Tartuffe est un séducteur, c’est dans sa nature. C’est un imposteur qui veut voler son riche hôte, qui se fait avoir. En réalité, seuls Orgon et la grand-mère se font séduire. La famille d’Orgon essaye de lui faire entendre raison : il profite de l’hospitalité et de la piété du maître de maison. Mariane, sa fille, essaye de convaincre son père de ne pas accorder sa main à Tartuffe, car elle aime Valère. Quant à Damis, son fils, il cherche à montrer que l’imposteur essaie de séduire sa mère, Elmire, qui repousse ses avances.

"On est aisément dupé par ce qu'on aime"

Tartuffe sera démasqué grâce à un piège tendu par Elmire. Tartuffe essaie de chasser Orgon de chez lui et de récupérer sa maison et sa fortune : il se sert de papiers compromettants qu'Orgon lui a remis et va le dénoncer au Roi. C’est ce qui causera sa perte : le Roi a conservé son affection à celui qui l'avait jadis bien servi lors de la Fronde. Il lui pardonne. C'est Tartuffe qui sera arrêté.

"La vanité ne sied pas bien avec la piété"

Considérée comme insultante envers la religion, après sa première représentation, la pièce a été interdite le 5 février 1669. L’interdiction a été levée quelques mois plus tard. Molière veut ici dénoncer des faux dévots, ceux qui abusent de leurs positions car dévoués à Dieu. Il cherche donc ici à différencier les vrais dévots des imposteurs.

"Le Misanthrope", 1666

"Le Misanthrope" raconte l’histoire d'Alceste, qui déteste à la fois les hommes et la société, et son hypocrisie. Loyal, il manque sévèrement d’indulgence envers ses contemporains. Sa franchise est presque violente et il ne supporte pas les flatteries. Au caractère du Misanthrope, Molière oppose celui de son ami Philinte, parfois trop indulgent. Malgré tout, Alceste est fou amoureux de Célimène, une coquette. Mais il est si remonté contre son mode de vie, que ses arguments contre elles sont parfois ridicules. Trop têtue pour lui, finalement, il refuse sa main.

"La raison n'est pas ce qui règle l'amour"

Molière critique ici les mœurs de la Cour, de cette société placée sous le signe du paraître. Mais il montre aussi que la franchise peut parfois être tournée en ridicule. Rousseau a vivement critiqué la pièce. Selon lui, Molière veut ridiculiser l’honnêteté et la sincérité. En réalité, l’auteur cherche plutôt à montrer qu’une personne, si vertueuse soit-elle, a forcément des défauts aussi. La pièce est intemporelle, tant elle dépeint le caractère humain sous toutes ses formes.

"Le Médecin malgré lui", 1666

Sganarelle est un ivrogne qui bat sa femme, Martine. Pour se venger elle fait croire à Valère et Lucas, les domestiques de Géronte, que son mari est un médecin. Cependant, elle affirme qu’il ne travaille qu’après avoir reçu des coups de bâton. Lucinde, la fille de Géronte, doit épouser Horace, selon la volonté de son père. Mais elle est amoureuse de Léandre. Alors, pour s’opposer à son père, elle se prétend muette. Géronte fait donc appel à Sganarelle pour soigner sa fille. Ce dernier sera fortement battu par les domestiques, mais prend son rôle très au sérieux. Lucinde finit par recouvrer la parole pour défendre l’idée de se marier avec Léandre, que son père accepte. Sganarelle pardonne à sa femme et continue à pratiquer la médecine.

"Les filles sont quelquefois un peu têtues"

Molière reprend ici le modèle de la comédie italienne, en y ajoutant des traditions de la farce française et de la fable du Moyen Âge. Le dramaturge se moque ici surtout de certaines pratiques médicales de l'époque - lavement et saignée par exemple -, des charlatans et de la religion.

"L’Avare", 1668

Harpagon, un vieux radin, est obsédé par les voleurs : il en voit partout. Pour économiser de l'argent, il décide de marier ses enfants à des riches, mais aussi d’organiser son mariage et celui de ses enfants à la même date. Mais Cléante, son fils, veut épouser Mariane, qui l’aime aussi mais que Harpagon compte prendre pour femme. Quant à sa fille Élise, elle aime Valère et ne veut pas épouser un homme qu'elle ne connaît pas. Alors les enfants d'Harpagon élaborent alors un plan pour épouser ceux qu’ils aiment. Mais quand ils rencontrent Anselme, l'homme qu'Élise doit épouser, ils se rendent compte qu’il est le père de Valère et de Mariane : il est prêt à payer les deux mariages pour rendre ses enfants heureux : au grand soulagement d’Harpagon, l’avare.

"On a volé ma cassette !"

Molière oppose ici l’avarice à la bonté. La question ici est de savoir si l’argent fait le bonheur et si la fin justifie réellement les moyens. L’avarice d’Harpagon est poussée à son paroxysme quand ce dernier qui a perdu son or, qui est sa raison de vivre, commence à se soupçonner lui-même… L’Avare est inspiré de la tradition italienne comique, truffé de farces et de jeux de mots couards.

“Le Bourgeois gentilhomme”, 1670

Le bourgeois M. Jourdain est agacé par le fait de ne pas être un gentilhomme. Il redouble d’efforts pour le devenir et n’hésite pas à s’en donner des airs, en côtoyant la noblesse et en imitant les seigneurs. Il se commande de nouveaux vêtements et commence l'apprentissage de la danse, de la musique et des armes, nécessaires à sa nouvelle condition. Ses professeurs sont tous extrêmement prétentieux concernant leur métier. M. Jourdain courtise Dorimène, une marquise veuve, amenée chez le bourgeois par son amant, un comte autoritaire. Ce dernier a pour but de profiter de la naïveté de M. Jourdain et de Dorimène.

"Il n'est rien de si doux que les tendres ardeurs qui font vivre deux cœurs"

Nicole, sa femme, tout comme sa servante, se moque de lui et essaie de le faire se concentrer sur le prochain mariage de sa fille Lucile avec Cléonte : mariage que M. Jourdain refuse, car Cléonte n’est pas un gentilhomme. Cléonte se fait alors passer pour le fils du Grand Turc et obtient alors son accord. M. Jourdain croit alors avoir atteint la plus haute noblesse en étant promu "Mamamouchi", durant une ridicule et prétendue cérémonie turque.

"Personne ne meurt d'amour, si ce n'est celui qui ne sait pas aimer."

Molière a répondu à une commande du roi en écrivant cette pièce. Louis XIV souhaitait offrir à ses courtisans une pièce dans laquelle on parlerait des Turcs. Molière dépeint ici l'envie des bourgeois de devenir des nobles. Jourdain veut être noble, car selon lui, ils sont raffinés et cultivés. L’auteur critique aussi les professeurs qui l'éduquent : hypocrites, profiteurs, qui se moquent de lui dans son dos. "C’est là un des plus heureux sujets de comédie que le ridicule des hommes ait jamais pu fournir", selon Voltaire.

"Les Fourberies de Scapin”, 1671

Alors que son père Argante est absent, Octave épouse une jeune fille pauvre d’origine inconnue, Hyacinte. Mais son père prévoyait de la faire épouser la fille de son ami Géronte. Quant au fils de Géronte, il est tombé amoureux d'une jeune Égyptienne, Zerbinette, de passage. Les deux jeunes hommes ont donc peur du retour de leurs pères. Ils réclament donc l’aide du fourbe valet de Léandre, Scapin. Géronte et Argante apprennent tour à tour ces unions et s’accusent mutuellement d'avoir mal élevé leurs fils. La liaison de Léandre a été révélée par Scapin : Léandre menace de le tuer. Zerbinette est alors enlevée par les Égyptiens : Léandre obtient l'argent de son père pour la rançon grâce à Scapin, qui se fait ainsi pardonner. Finalement, tout se termine bien : on apprend que Hyacinte est la fille de Géronte et Zerbinette la fille d'Argante, enlevée enfant par les Égyptiens.

"Que diable allait-il faire dans cette galère ?"

Ici, l’objectif premier de Molière est de faire rire, à l'exemple des pièces de la Commedia dell'arte. Si c’est une farce légère, le dramaturge défend la jeunesse et ses motivations, en opposition avec l’éducation rigide des pères.

"Le malade imaginaire", 1672

Argan, un hypocondriaque, veut marier sa fille à Thomas Diafoirus, étudiant en médecine. Ce dernier, simplet, est le fils de son médecin : il souhaite ainsi pouvoir se faire soigner. Mais sa fille Angélique aime Cléante. Alors, ce dernier se fait passer pour le maître de chant de la jeune femme : ils se déclarent ainsi leur amour en chantant. Pendant ce temps, sa seconde femme, Béline, n’attend que la mort de son époux pour hériter de sa fortune. Alors quand Argan joue le mort, cette dernière manifeste sa joie. Sa fille Angélique montre quant à elle un profond chagrin. Argan cesse sa ruse et accepte son union avec Cléante, si ce dernier devient médecin.

"Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies"

Molière offre ici une satire de la peur de la mort. Il suffit à Sganarelle, un simple domestique, de s'habiller en médecin pour être perçu comme un lettré et il se prête même à ce rôle. La fin de la pièce est d’ailleurs burlesque, puisque le "malade imaginaire" se fait lui-même introniser médecin lors d’une fausse cérémonie. En prescrivant toutes sortes de traitements loufoques à Argan, les médecins sont quant à eux décrits plus soucieux de lui plaire que de le "soigner".

La dernière pièce de Molière

Contrairement à la légende, Molière n’est pas mort sur scène en jouant la pièce. En revanche, Molière, qui joue le rôle d’Argan, tombe malade lors de la quatrième représentation et tente de cacher sa douleur. Molière mourra quelques heures plus tard chez lui entouré de sa femme, la comédienne Armande Béjart, et de quelques proches.

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