Condamnation à 5 ans de prison pour Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel

La chute d'une célèbre militante pour les droits de l'homme
Tribunaux fantoches
Procès à huis clos
Toujours plus de temps sous les verrous
La prison à vie est envisagée
Un sommet autour du Myanmar
Évincée par l’armée
Des manifestations continues
Plus de 10 000 prisonniers politiques
Une force de protection civile
« Un procès truqué »
Sanctions européennes
Sanctions pour la junte
Contexte : de la Birmanie au Myanmar
Son révolutionnaire de père
Le « Soulèvement 8888 »
Un prix Nobel pour la démocratie, la paix, et les droits de l’homme
L’armée entre dans la danse
La junte refuse la victoire à Suu Kyi
Assignation à résidence
Une nouvelle ère politique
Le discours de remise du prix Nobel après 20 ans
Rencontre avec Obama
Cheffe du Myanmar
L'oppression controversée des Rohingyas
Le Dalaï Lama et Tutu critiquent Suu Kyi
L’ONU condamne l’armée du Myanmar
Une sainte déchue
2020 : le retour de l’armée
L’avenir incertain de Aung San Suu Kyi
La chute d'une célèbre militante pour les droits de l'homme

Aung San Suu Kyi, femme politique birmane et militante pour les droits de l'homme, lauréate du prix Nobel, pourrait passer, selon certains experts, le restant de sa vie sous les verrous. En effet, elle a été condamnée à cinq ans de prison pour corruption par un tribunal militaire au Myanmar.

Photo : Suu Kyi à La Haye en 2019.

Tribunaux fantoches

« La junte du Myanmar et ses tribunaux fantoches se coordonnent pour mettre Aung San Suu Kyi aux arrêts. Ses jours en tant que femme libre sont bel et bien comptés. En raison de son âge avancé, cette peine pourrait représenter une peine de prison à vie » déclarait Phil Robertson, directeur adjoint pour l'Asie à Human Rights Watch.

Procès à huis clos

Si les avocats de la lauréate du prix Nobel n'ont pas le droit de discuter de l'affaire, l'accusée elle-même la dépeint comme « absurde ». Le procès, tenu à huis clos, sans public et sans médias, s'est achevé en début d'année par la condamnation de Suu Kyi pour avoir accepté plus d'1,3 million de dollars américains en espèces et en lingots d'or.

Image : Pyae Sone Htun / Unsplash

Toujours plus de temps sous les verrous

La condamnation de novembre 2021 de Suu Kyi, pour incitation aux émeutes et violation des restrictions liées à la Covid-19, s'élevait à deux ans de prison. Aujourd'hui, selon la BBC, la nouvelle peine de la femme qui a remporté, en 1991, le prix Nobel de la paix totalise 11 ans d'emprisonnement.

La prison à vie est envisagée

163 ans de réclusion criminelle. C'est le risque qu'encourt l'ancienne dirigeante élue du Myanmar, renversée par un coup d'État militaire en février 2021. Elle serait accusée d'au moins 17 infractions pénales par le nouveau gouvernement, rapporte le New York Times.

Un sommet autour du Myanmar

Un sommet à Washington a eu lieu début mai, réunissant le président américain Joe Biden et plusieurs dirigeants d'Asie de l'Est. La situation du Myanmar a été clairement au centre des débats.

Évincée par l’armée

Alors que la politicienne birmane et son parti remportaient les élections générales du Myanmar en novembre 2020, l'armée la chassait du pouvoir, l'accusant de fraude électorale. Elle est, depuis février 2021, assignée à résidence.

Des manifestations continues

Des manifestations éclatent au Myanmar depuis le coup d'État militaire de février et des milliers de manifestants se sont fait emprisonner, comme l'affirme la BBC.

Plus de 10 000 prisonniers politiques

Selon les associations d'assistance aux prisonniers politiques, le gouvernement birman détiendrait, depuis le coup d'État, plus de 10 000 prisonniers politiques.

Image : Saw Wunna / Unsplash

Une force de protection civile

Une partie de la population qui s'oppose à la junte militaire a formé la Force de protection de la population, se réclamant être le bras armé du gouvernement démocratiquement élu et évincé.

« Un procès truqué »

Le procès a été grandement critiqué à l'international, si bien que Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des droits de l'homme aux Nations unies, a dénoncé un « simulacre de procès ». Elle affirme également que cela ne fera que consolider le rejet du coup d'État par la communauté internationale.

Sanctions européennes

En février 2022, une nouvelle série de sanctions contre la junte militaire qui dirige actuellement le pays a été approuvée par l'Union européenne.

Sanctions pour la junte

Le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis ont suivi le mouvement et imposé de nouvelles sanctions, annoncées le jour de l'anniversaire du coup d'État militaire qui a évincé Suu Kyi.

Contexte : de la Birmanie au Myanmar

Si son nom est devenu Myanmar en 1989, il s’agit de l’ancienne Birmanie, un pays qui est dirigé par une série de gouvernements militaires depuis 1962. Ce pays d'Asie du Sud-Est compte plus de 53 millions d'habitants. Voici une photo de Yangon, la capitale du pays.

Son révolutionnaire de père

Suu Kyi est la fille du révolutionnaire birman assassiné lorsqu'elle avait deux ans, Aung San, une figure clé de l'indépendance du pays vis-à-vis des Britanniques en 1948. Une statue à son effigie a été érigée à Yangon.

Le « Soulèvement 8888 »

En 1988, alors que les manifestations de masse connues sous le nom de Soulèvement 8888 secouent le pays, Suu Kyi, qui revenait de ces études à l'étranger, devient l'une des cheffes du mouvement pro-démocratique.

Un prix Nobel pour la démocratie, la paix, et les droits de l’homme

En 1991, le comité Nobel a souhaité honorer Suu Kyi d'un prix et voulu « montrer son soutien aux nombreuses personnes qui, dans le monde entier, s'efforcent de faire avancer la démocratie, les droits de l'homme et la conciliation ethnique par des moyens pacifiques. », louant les « efforts inlassables » de la Birmane.

L’armée entre dans la danse

En 1990, alors que, pour la première fois depuis les années 60, des élections multipartites sont organisées et que le parti de Suu Kyi, la Ligue Nationale pour la Démocratie, remporte l'élection, l'armée réfute les résultats.

La junte refuse la victoire à Suu Kyi

Et donc, depuis, c'est le « Conseil d'État pour la paix et le développement », c'est-à-dire la junte militaire, qui gouverne le Myanmar, avec à sa tête, le généralissime Than Shwe, de 1992 à 2011.

Assignation à résidence

Jusqu'en 2011, Suu Kyi a continué à travailler sur la politique et à rencontrer les gens (lorsqu'on l'y autorisait), alors qu'elle était sporadiquement assignée à résidence dans sa maison délabrée au bord d'un lac, à Yangon.

Une nouvelle ère politique

Fin 2010, un nouveau gouvernement, dirigé par Thein Shein (photo) et avec l'approbation des forces armées, a pris le pouvoir alors que le paysage politique du Myanmar commençait à changer, et que la junte militaire autorisait les premières élections depuis deux décennies.

Le discours de remise du prix Nobel après 20 ans

20 ans après avoir obtenu le prix Nobel, les réformes mises en place par le nouveau gouvernement ont permis à Aung San Suu Kyi de voyager à l'étranger et de prononcer enfin son discours de remerciement.

Rencontre avec Obama

Elle a également reçu une médaille d'or du Congrès des États-Unis et a rencontré en 2012, entre autres personnalités du monde entier, le président Barack Obama.

Cheffe du Myanmar

Il n'était pas surprenant que Suu Kyi devienne la dirigeante du Myanmar en 2016, après que son parti a remporté plus des deux tiers de l'assemblée législative du pays.

Mais l’histoire ne s'achève pas là...

L'oppression controversée des Rohingyas

Malgré les condamnations internationales, les violences par l'armée à l'encontre des Rohingyas, une minorité musulmane dans un pays majoritairement bouddhiste, se sont poursuivies sous son gouvernement.

Le Dalaï Lama et Tutu critiquent Suu Kyi

Le refus de Suu Kyi à prendre ouvertement la défense de la minorité rohingya est une déception pour les lobbyistes des droits de l'homme étrangers. Son silence à ce sujet a également été vivement critiqué par d'autres prix Nobel de la paix, tels que le dalaï-lama et l'archevêque Desmond Tutu.

L’ONU condamne l’armée du Myanmar

Suu Kyi est pointée du doigt pour ne pas avoir utilisé « sa position de facto de cheffe de gouvernement, ni son autorité morale, pour endiguer ou prévenir le déroulement des événements », d'après une mission de vérification des faits de l'ONU de 2018.

Une sainte déchue

Le New York Times qualifie Aung San Suu Kyi de « sainte patronne déchue, ayant conclu un pacte faustien avec les généraux », alors qu'elle rejette ces allégations et défend les militaires du Myanmar en 2019 devant la Cour internationale de justice.

Photo : Frank van Beek/ICJ

2020 : le retour de l’armée

Malgré les critiques à l'international, la popularité de Suu Kyi s'est maintenue au Myanmar, si bien que son parti a remporté haut la main les élections générales de 2020. Cependant, les militaires birmans ont critiqué les résultats et ont lancé un coup d'État en février 2021.

L’avenir incertain de Aung San Suu Kyi

Indépendamment du fait que ses partisans reprennent le pouvoir, il est certain que l'aura qui entourait son image a été ternie. Il est fort probable que l'avenir de Suu Kyi soit défini par la direction que prendra le Myanmar à partir de maintenant.

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