La singulière histoire de Nasseri, l'homme qui a vécu dans un aéroport pendant 18 ans

18 ans dans un aéroport... Comment est-ce possible ?
Des zones de flou
Il demande l’asile politique : ça tourne mal !
Exilé
Statut de réfugié
Tout ça à cause d’une mallette perdue...
Arrêté, puis relâché
Espace international
McDo et spectateur
Comment gagne-t-il de quoi survivre ?
Un avocat des droits de l’homme à son secours
Paradoxe
Il perd pied avec la réalité
Sir Alfred
Comment le sortir de là ?
Autobiographie
Inspirer une fiction
Documentaire
“Le Terminal” en 2004
Après tout, il a acheté les droits de l’histoire
Mais où est Sir Alfred aujourd’hui ?
18 ans dans un aéroport... Comment est-ce possible ?

À l'origine du film "Le Terminal" de Tom Hanks, il y a une véritable histoire : celle de Mehran Karimi Nasseri, rebaptisé Sir Alfred (par lui-même). Pendant presque deux décennies, il a vécu dans le Terminal nº1 de l'aéroport international Charles de Gaulle, à Paris. Son histoire a fait le tour du monde avant d’inspirer un film.

Des zones de flou

Tandis qu'au fil des ans, Nasseri a changé certains détails de son histoire, la manière dont cet homme s'est retrouvé dans cette situation a fait l'objet de nombreux débats.

Il demande l’asile politique : ça tourne mal !

Mais le consensus général semble valider le début de l'histoire : tout a commencé par un départ en avion depuis l'Iran et une demande d'asile politique en raison de certains problèmes dans son pays d'origine.

Exilé

En 1970, Nasseri est étudiant à l'université de Bradford, au Royaume-Uni. Pendant qu'il y séjourne, il participe à des manifestations étudiantes contre le dernier Shah d'Iran. Lorsqu'il rentre chez lui sept ans plus tard, il est jeté dans une cellule. Plus tard, il est exilé pour avoir conspiré contre le gouvernement.

Statut de réfugié

Après avoir obtenu le statut de réfugié en 1981 par la Belgique, il prévoit donc de retourner en Angleterre où il a fait ses études, seul pays d'Europe qu'il connaît. Ce statut lui permet en effet d'accéder à la nationalité des pays européens.

Tout ça à cause d’une mallette perdue...

Mais lors du voyage de la France vers l'Angleterre, Nasseri perd sa mallette, et les documents qui font de lui un réfugié. Sans eux, pas moyen d'entrer en Angleterre : le Royaume-Uni lui refuse l'entrée sur son territoire, et le renvoie en France par voie ferroviaire.

Photo : Clem Onojeghuo / Unsplash

Arrêté, puis relâché

L'homme est arrêté à son retour en France, mais la police le relâche vite, réalisant qu'il n'a rien commis d'illégal, et le dépose même à l'aéroport de Paris.

Espace international

La perte de ses papiers l'empêche d'entrer légalement en France, ou dans n'importe quel autre pays ; mais comme c’est un réfugié, il n'est plus citoyen iranien... Coincé, Nasseri choisit donc de rester dans l'aéroport, celui-ci étant considéré comme un espace international.

McDo et spectateur

C'est ainsi que commence cet isolement de 18 ans. Le personnel de l'aéroport le voit passer son temps à lire et à observer les passants. Il mange, la plupart du temps, au McDonald du Terminal nº 1 et se lave dans les toilettes de l'aéroport.

Comment gagne-t-il de quoi survivre ?

Parfois, il fait du nettoyage dans l'aéroport. D'autres fois, les voyageurs, qui commencent à le reconnaître, lui donnent de l'argent.

Un avocat des droits de l’homme à son secours

Christian Bourguet, avocat des droits de l'homme, français, apprend la situation dans laquelle Nasseri se trouve. Il décide donc d'aider l'homme, et découvre rapidement l'étendue du problème.

Paradoxe

La Belgique aurait pu fournir une copie de ses papiers à Nasseri, mais ceux-ci ne peuvent être remis qu’en main propre. Or, sans lesdits papiers... comment voyager jusqu’en Belgique ?

Il perd pied avec la réalité

En 1999, après plus de 10 ans de procédures, Bourguet parvient à convaincre la Belgique d’envoyer ses papiers à Nasseri. Mais peut-être est-ce trop tard… On soupçonne que la démence a gagné le pauvre homme lorsqu’il refuse ses papiers, qu’il pense faux, choisissant de rester dans cet aéroport.

Sir Alfred

La légende veut qu’il ait refusé ces papiers car ils étaient adressés à l’Iranien Nasseri... alors qu’il ne se considérait plus comme citoyen iranien mais anglais. Il semble bien que la situation ait fait perdre la tête à cet homme qui se faisait dorénavant appeler Sir Alfred, citoyen britannique !

Comment le sortir de là ?

Pour la première fois depuis 1988, Nasseri (ou plutôt Sir Alfred), quitte l'aéroport en 2006, pour être hospitalisé en raison d'une intoxication alimentaire. Il sort de l'hôpital en 2007, et est aperçu pour la dernière fois en vie dans un foyer pour sans-abris parisien en 2008.

Autobiographie

Coécrite avec l'auteur britannique Andrew Donkin, l'autobiographie de Nasseri "The Terminal Man" sort en 2004, et est qualifiée par la critique du "Sunday Times" (journal du dimanche britannique) comme étant "profondément brillante et dérangeante".

Inspirer une fiction

L'incroyable histoire de Nasseri a inspiré le cinéma français, avec le film "Tombés du ciel" avec Jean Rochefort, sorti en 1994. La nouvelle "The Fifteen-Year Layover" de Michael Paterniti, traite, elle aussi, de la vie de l’Iranien.

Documentaire

Deux documentaires sur sa vie sont parus : "Waiting for Godot at De Gaulle" en 2000 et "Sir Alfred at Charles de Gaulle Airport" en 2001.

“Le Terminal” en 2004

Et bien que ni les documents publicitaires ni le site web du film ne mentionnent la situation de Nasseri comme source d'inspiration du film, il est clair que l'homme a été le modèle du personnage de Viktor Navorski, interprété par Tom Hanks dans "Le Terminal" de Spielberg en 2004.

Après tout, il a acheté les droits de l’histoire

Le "New York Times" nous rapporte que Nasseri a été payé par Spielberg pour les droits sur l'histoire de sa vie, et qu'il a reçu 250 000 dollars de DreamWorks. On pouvait même le voir arborer une pancarte publicitaire invitant à visionner le film en 2004, alors qu'il résidait encore à l'aéroport.

Mais où est Sir Alfred aujourd’hui ?

On espère qu'il a enfin pu se rendre en Angleterre, comme il l'espérait depuis le début. Ce que l’on sait : c’est la Croix-Rouge française qui s’est chargée de l’héberger dans un hôtel proche de l’aéroport à sa sortie de l’hôpital en 2007, puis de le transférer dans un centre d’accueil d'Emmaüs France.

Et aussi