Fête Nationale du 14 juillet : histoire et faits marquants

Patriotisme, défilés et bal des pompiers
Proclamation d'une Assemblée nationale constituante
12 juillet 1789 : en marche
Aux armes, citoyens !
La cocarde tricolore devient le symbole de la révolution
14 juillet 1789 : prise de la Bastille
14 juillet 1790 : Fête de la fédération
Lafayette prête le serment de la Constitution
Une fête populaire de 4 jours
Mort de Marat
La fête de la Concorde
La fête est déplacée au 15 août
Le 14 juillet est déclaré hors la loi
La fête nationale du 30 juin 1878
Une loi fixe la date du 14 juillet
1880 : Inauguration de la place de la République
14 juillet 1890 : centenaire de la Fête de la Fédération
1919 : Le souvenir des morts et des disparus
1945 : Défilé de la Libération
1974 : un défilé d’un nouveau genre
1986 : Première cohabitation
1989 : Bicentenaire de la Révolution
1994 : défilé de l’Eurocorps
2007 : Garden Party et défilé sous le signe de l’Europe
2008 : Nicolas Sarkozy invite Bachar al-Assad
2017 : Emmanuel Macron invite Donald Trump
Patriotisme, défilés et bal des pompiers

Depuis 1880, le 14 juillet est considéré comme la Fête Nationale en France. L’occasion certes de voir de beaux feux d’artifices, de se rendre au bal des pompiers, ou encore d’assister au défilé militaire sur les Champs-Élysées. À la fois symbole de la fin de la Monarchie, de la consécration des armées, le 14 juillet est surtout devenue la fête la plus populaire de France. On vous raconte tout, en images, sur l’histoire de cette célébration.

Proclamation d'une Assemblée nationale constituante

Le roi Louis XVI est assailli sous les doléances. Le 5 mai 1789, il réunit les États généraux, une assemblée des représentants de la noblesse, du clergé et du Tiers-Etat. Il souhaite une réforme profonde des institutions. Le 9 juillet, une “Assemblée nationale constituante” est proclamée. Inquiet, le roi vire son ministre Necker. Secrètement, il fait venir des régiments suisses et allemands du côté de Versailles. La rumeur suit son chemin : les troupes royales se prépareraient à entrer dans Paris pour arrêter les députés.

12 juillet 1789 : en marche

Debout sur un tonneau, l'orateur Camille Desmoulins prononce un discours solennel devant les Parisiens. En colère, la foule est principalement composée d’artisans et boutiquiers. Ils se rendent aux Invalides pour aller chercher des armes, puis à la forteresse royale de la Bastille pour de la poudre.

Aux armes, citoyens !

Une longue journée de fusillade passe. Grâce au ralliement de gardes nationaux, les Parisiens finissent par s’emparer de la Bastille et entament sa démolition. Cette vieille prison médiévale était jusque-là le symbole de l'arbitraire de l'Ancien Régime. L’absolutisme s'effondre.

La cocarde tricolore devient le symbole de la révolution

Louis XVI se rend à l’Assemblée le 15 juillet pour annoncer le retrait des troupes étrangères. Il rappelle Necker le 16. Le 17 à Paris, il reçoit du maire Bailly la cocarde tricolore, nouvel emblème de la Révolution.

14 juillet 1789 : prise de la Bastille

L'Assemblée et le Sénat choisissent le 14 juillet. “C’est bien plus que le 4 août, qui est l’abolition des privilèges féodaux ; c’est bien plus que le 21 septembre, qui est l’abolition du privilège royal, de la monarchie héréditaire”, juge Henri Martin, rapporteur de la loi du 6 juillet au Sénat. Ce jour-là, le Sénat décide que le 14 juillet sera chômé, comme certaines fêtes religieuses. Il en fait aussi une journée identique sur l’ensemble du territoire national.

14 juillet 1790 : Fête de la fédération

En réaction à l'affaiblissement du pouvoir central, c’est à cette date que se créent des "fédérations" régionales de gardes nationaux. Alors, sous l’impulsion de l’officier Lafayette, la Commune de Paris adopte le principe d'une grande Fédération nationale. Cette dernière regroupe des représentants des fédérations locales qui se réunissent à Paris le 14 juillet 1790.

Lafayette prête le serment de la Constitution

Si cette date commémore la prise de la Bastille, elle marque aussi un sentiment général d'ordre et d'unité dans un pays en crise. Ce jour-là, de la Bastille au Champ-de-Mars, 14 000 soldats fédérés arrivent donc à Paris et défilent sous la bannière de leur département. Pour l’occasion, le Champ-de-Mars est aménagé pour accueillir 400 000 spectateurs. Bourgeois, aristocrates, gens du peuple, hommes et femmes assistent à la cérémonie : une grande messe célébrée par Talleyrand. Lafayette prête le serment de la Constitution décidé par l'Assemblée nationale. Le roi Louis XVI jure de maintenir la Constitution.

Une fête populaire de 4 jours

Après les célébrations officielles, la journée se poursuit, dans les jardins de la Muette, pour un banquet de 22 000 couverts. Se met ensuite en place une fête populaire. On se retrouve sur les ruines de la Bastille pour danser, porter des toasts et chanter. La fête durera jusqu'au 18 juillet.

Mort de Marat

L’année suivante, on ne célèbre plus la Fête de la Fédération. Après la tentative de fuite de la famille royale à Varenne, l’Assemblée ne s'associe pas à la fête. Le 11 juillet 1792, la patrie est déclarée en danger. La fête a lieu, mais sobrement. Puis, en 1793, elle est limitée à l'enceinte de l'Assemblée. Cette dernière vient en effet d’apprendre la mort de Marat, ce révolutionnaire et homme politique, assassiné. Il devient le symbole des révolutionnaires.

La fête de la Concorde

En 1799, le 14 juillet n’est plus le jour de la “liberté” mais de la “Concorde”. Ce n’est plus qu’un défilé militaire. Après 1804, le 14 juillet devient moins important que le 15 août, date de naissance de Napoléon 1er. Avec la Restauration après 1814, on préfère la fête de Saint-Louis. En 1818 sous Charles X, la date de la fête nationale est reportée au 24 mai, jour de la Saint-Charles.

La fête est déplacée au 15 août

Avec l’arrivée au pouvoir du libéral Louis-Philippe Ier et la révolution de 1830, un retour, plus discret, aux références révolutionnaires est de nouveau adopté. On fait la fête tout le mois de juillet. En 1851, avec l'avènement du Second Empire, la fête est de nouveau fixée au 15 août, jour de "Saint-Napoléon".

Le 14 juillet est déclaré hors la loi

En 1872, une circulaire confidentielle déclare le 14 juillet "hors la loi [car] il est probable que les anniversaires des 14 et 15 juillet servent de prétexte à des réunions et banquets politiques".

La fête nationale du 30 juin 1878

À l'occasion de l'Exposition universelle de 1878 à Paris, le ministère de l'Intérieur organise la fête nationale du 30 juin 1878, dite “fête de la paix et du progrès”. Partout flotte des drapeaux tricolores. On célèbre la République, mais toute référence trop directe à la Révolution est écartée.

Une loi fixe la date du 14 juillet

Benjamin Raspail dépose une proposition de loi le 21 mai 1880, afin que "la République adopte comme jour de fête nationale annuelle le 14 juillet". Le texte est voté par l’Assemblée les 21 mai et 8 juin. Un défilé militaire est organisé sur l'hippodrome de Longchamp devant 300 000 spectateurs, en présence du président de la République, Jules Grévy.

1880 : Inauguration de la place de la République

Ce jour-là à Paris, deux événements dominent la fête. Tout d’abord, l’inauguration d’un monument, place de la République : une statue de bronze représentant une femme drapée d’une toge à l’antique et coiffée d’un bonnet phrygien, incarnant la République. On distribue aussi de nouveaux drapeaux tricolores à l’armée. Il devient l’emblème national. Les maires de France jouent un rôle central dans l'organisation et le déroulement des cérémonies et des festivités qui s'ensuivent.

14 juillet 1890 : centenaire de la Fête de la Fédération

La fête de 1790 a été bien plus célébrée que celle du centenaire de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1790. La République modérée préfère mettre à l’honneur cette date. Partout, en France, les discours des maires célèbrent les acquis de la République, notamment la conscription, votée en 1889. Les bals de fin de journée commencent à avoir un franc succès. On décore les villes décorées de couleurs tricolores, de Marianne et de lampions. Le bal des régiments de pompiers commence quant à lui à mélanger les classes sociales.

1919 : Le souvenir des morts et des disparus

Après la Première Guerre mondiale, on célèbre pour la première fois la mémoire des morts et disparus. Les survivants défilent en héros sur les Champs-Élysées. C’est Georges Clémenceau qui souhaitait cet hommage. Ce symbole deviendra indissociable des célébrations du 14 juillet. Dans la nuit du 13 au 14, le pouvoir dresse un cénotaphe géant, entouré de canons pris à l’ennemi, sous l’Arc de triomphe. Le défilé de ceux qu’on appelle les "gueules cassées" est mené par le nouveau député de la Meuse, André Maginot, volontaire de 1914 et amputé d’une jambe.

1945 : Défilé de la Libération

En 1945, après la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la victoire des alliés, on fête "plus que jamais fête nationale puisque la France y fête sa victoire, en même temps que sa liberté", s’exclame le général de Charles De Gaulle. Trois jours de fête civiques s’enchaînent. Le 13 juillet est fêté solennellement. Le cortège des troupes défile de la place de la Nation à la Bastille puis à l'Arc de Triomphe. Puis, le général de Gaulle passe les troupes en revue.

1974 : un défilé d’un nouveau genre

La place de la Bastille regroupe diverses manifestations autour de la colonne de juillet. À cette date, Valéry Giscard d’Estaing inaugure un défilé d’un nouveau genre. Les soldats défilent à pied à travers les quartiers de Paris, comme à l’époque de la Bastille. Pendant les cinq années suivantes, les défilés changent de lieux : cours de Vincennes, Champs-Élysées, École militaire, République-Bastille. En 1980, les Champs-Élysées deviennent le cadre officiel du défilé.

1986 : Première cohabitation

François Mitterrand, président de la République de gauche et son Premier ministre de droite, Jacques Chirac, remontent ensemble les Champs-Elysées. C’est une première.

1989 : Bicentenaire de la Révolution

De nombreux chefs d'État étrangers assistent au défilé militaire traditionnel. Le soir, ils se sont tous rendus au spectacle monumental de Jean-Paul Goude, sur le thème des "tribus planétaires". Le défilé est retransmis à la télévision dans 102 pays. Mais cette célébration suscite des polémiques, bien qu’elle rencontre un grand succès. Cette année-là, le contexte géopolitique est chargé : agonie du bloc de l’Est ou l'écrasement de la révolte étudiante en Chine.

1994 : défilé de l’Eurocorps

Le 14 juillet 1994, pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des soldats allemands défilent sur les Champs-Elysées. On parle ici de réconciliation franco-allemande. Ewald-Heinrich von Kleist, un ancien officier allemand qui a résisté à Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale, et Manfred Rommel, fils du général Rommel, regardent le défilé. Ce sont les soldats de l'Eurocorps, regroupant cinq pays européens, parmi lesquels l'Allemagne et la France, qui marchent ce jour-là.

2007 : Garden Party et défilé sous le signe de l’Europe

À partir de 2007, une Garden Party est instaurée dans le parc du palais de l'Élysée, après le défilé. Elle accueille des centaines de héros et de victimes anonymes. Elle sera supprimée par Nicolas Sarkozy en 2010, dans un contexte d’austérité économique. Cette année-là, les détachements des 27 pays membres de l’Union sont présents.

2008 : Nicolas Sarkozy invite Bachar al-Assad

Nicolas Sarkozy invite de nombreux chefs d'Etat à suivre le défilé militaire, dans le cadre du sommet pour l'union de la Méditerranée. Parmi eux, Bachar al-Assad, dictateur syrien, dont la présence fait mouche et marquera largement la fin du quinquennat du président.

2017 : Emmanuel Macron invite Donald Trump

Emmanuel Macron en fait même l’invité d’honneur. Raciste et misogyne, la présence du président américain Donald Trump, tout juste élu, choque et fait polémique.

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