Le chanteur italien déluré et délirant Franco Battiato est mort

Figure généreuse, capable de toutes les folies, touche-à-tout, il a toujours été, à sa manière, une pop star. Charismatique et différent, il était né à Riposto, en Sicile, en 1945. Atteint à la fin de sa vie d'Alzheimer, celui dont on dit qu'il a été le précurseur de la musique électronique en Italie est mort à 76 ans. L'auteur de "La era del jabalí blanco", "Bandiera bianca", "Centro di Gravitá Permanente", "Nomadas", etc., nous a quittés.

Il est décédé dans la maison familiale à Milo, dans sa chère Sicile natale qu'il avait quittée dans les années 60 pour aller à Milan, en quête de son destin d'artiste. Il était fasciné par l'avant-garde et, en même temps, on retrouve dans ses textes et sa musique beaucoup de ses racines et l'influence de différents folklores.

Il a fait ses débuts alors qu'il n'avait que 20 ans dans Osage Tribe, un groupe de rock progressif et psychédélique. Mais rapidement, Franco Battiato évolue en tant qu'artiste solo qui combine ce psychédélisme initial, le ton des chansons traditionnelles d'auteur-compositeur-interprète, la musique électronique et des textes d'une ampleur poétique éblouissante. C'est dans les années 80 qu'il devient une vraie star : "Voglio Deverti Dancare" (1982) devient, contre toute attente, un tube qui passe même dans les discothèques.

Franco Battiato était capable de mélanger le populaire et le savant dans une même chanson. Il pouvait faire des allusions à des philosophes ou des écrivains, composer un opéra, et faire preuve de grande légèreté et d'humour. Ainsi, il a intitulé l'un de ses plus grands succès "Cuccurucucu".

C'était un homme aux préoccupations mystiques et un végétarien déclaré. Il était très intéressé par les cultures orientales et le monde arabe. Tout cela est perceptible dans son œuvre, un caléidoscope aux nombreuses références.

Cependant, le fond hippie de la vie et du travail de Franco Battiato ne s'est jamais reflété dans son apparence, toujours élégante et bourgeoise. Un Sicilien de bonne famille qui refusait de se travestir.

Ceux qui l'ont connu disent que Franco Battiato a toujours fait ce qu'il voulait, sans suivre aucune règle, aucune convention. Il voulait vivre de sa musique et a pu le faire sans problème. Il enregistrait ses albums comme bon lui semblait, et contre toute attente il avait du succès. En 2017, il prend sa retraite, déjà touché par la maladie d'Alzheimer.

Les allusions astronomiques sont également très présentes dans les chansons de Franco Battiato. Il était passionné par l'espace, et était membre de l'Associazione Astrofili Ionico-Etnei. Un astéroïde portant le numéro 18556 a été nommé Battiato en son honneur.

Image: Guillermo Feria / Unsplash

Franco Battiato a défini la petitesse du genre humain face aux mystères de l'univers avec ces quelques vers magnifiques : "Nous sommes des provinciaux face à la Petite Ourse".

La discographie de Franco Battiato compte d'innombrables titres magistraux : "La stagione dell'amore", "Il sentimento nuovo", "E ti vengo a cercare"... Ainsi que d'innombrables reprises de chansons françaises, de Brel, Aznavour, Richard Anthony ou Dalida.

Franco Battiato croit en la réincarnation ("il est idiot de penser que nous descendons du singe"). Peut-être est-il déjà de retour sur la planète Terre et reviendra-t-il sûrement composer d'immenses morceaux de musique.

Franco Battiato a écrit : "La vie ne s'arrête pas. C'est comme le sommeil. La naissance comme un éveil. Tant que nous ne serons pas libres, nous reviendrons quand même".