Les adaptations de jeux vidéo au cinéma : pourquoi sont-elles généralement si mauvaises ?

La malédiction des adaptations de jeux vidéo à Hollywood
Pourquoi les adaptations cinéma et télé sont-elles si mauvaises ?
De l'argent facile
À côté de la plaque !
Fidèle jusqu'à la moelle
L’exemple parfait : “Doom” de 2005
“Ce qui semblait immersif pour un joueur devenait limite incompréhensible”
Certains jeux vidéo s'inspirent déjà de films
“Lara Croft: Tomb Raider” (Lara Croft : Tomb Raider, le film) de 2001 : un “Indiana Jones” au feminin ?
Manque de développement des personnages
“Resident Evil” (Resident Evil : Les Créatures maléfiques) en 2002 : “Bruyant, violent, stéréotypé et ringard”
“Mortal Kombat” de 2021 : “film pour ivrognes à regarder tard le soir”
La plupart des jeux vidéo n'utilisent pas une narration linéaire
“Assassin’s Creed” de 2016 : 19% sur Rotten Tomatoes
“The Last of Us” sur OCS
Une narration plus facile à adapter à l'écran
97% sur Rotten Tomatoes
2023 : l'année des adaptations de jeux vidéo
Mario : la seconde chance
La malédiction des adaptations de jeux vidéo à Hollywood

Les internautes ont remarqué que, depuis environ trois décennies, Hollywood tente de tirer profit de l'énorme popularité des jeux vidéo. Mais ces productions finissent toujours par faire des flops. C'est ce qu'ils appellent "la malédiction des adaptations de jeux vidéo".

Pourquoi les adaptations cinéma et télé sont-elles si mauvaises ?

Un long article expliquant la malédiction et la possibilité de la briser avec un film à venir a été publié par le magazine américain "The New Yorker". Jetez-y un œil pour voir ce qui fait tant parler. De notre côté, nous allons nous pencher sur les exemples les plus lamentables de cette tendance d'Hollywood !

Photo : thelastofus / Instagram

De l'argent facile

Comme l'industrie du jeu vidéo prend de plus en plus de place et génère de plus en plus d'argent (on prévoit 221 milliards de dollars de revenus en 2023), elle a attiré l'attention de profiteurs cyniques en quête d'argent facile. Mais le cynisme et le grand art ne vont pas souvent de pair…

Photo : Extrait de "Super Mario Bros" (1993)

"Super Mario Bros", en 1993 : la première déception... mais loin d’être la dernière !

"Super Mario Bros" était un jeu incroyablement populaire, et les producteurs salivaient à l'idée de mettre leurs griffes sur la licence. Mais l'approche qu'ils ont adoptée pour tenter de se distancer au maximum de ce jeu "idiot" en a fait un échec. Le slogan disait même : "Ce n'est pas un jeu." C'était la première tentative majeure d'Hollywood de tirer profit de cette tendance.

Photo : Extrait de "Super Mario Bros" (1993)

À côté de la plaque !

Mario et Luigi sont deux plombiers de Brooklyn qui, pour une raison incroyablement alambiquée, se retrouvent dans un univers parallèle dystopique : le royaume du champignon. Même la princesse était en fait une étudiante en archéologie à l'université de New York.

Photo : Extrait de "Super Mario Bros" (1993)

"La pire chose que je n’ai jamais faite… J’avais l’habitude de jouer “Le roi Lear"

Bob Hoskins a déclaré que le film était "La pire chose que je n’ai jamais faite… J’avais l’habitude de jouer 'Le roi Lear'". L'acteur britannique qui jouait le protagoniste ne savait même pas qui était son personnage, et ne connaissait même pas le jeu Nintendo avant que ses enfants ne lui expliquent qu'il était le petit gars qui sautait partout.

Photo : Extrait de "Super Mario Bros" (1993)

Fidèle jusqu'à la moelle

Mais attention ! D'autres adaptations hollywoodiennes répondent à ces critiques en privilégiant la fidélité vis-à-vis d'un jeu, sans tenir compte des changements nécessaires à une adaptation cinématographique : il en résulte souvent un humour "méta" complètement artificiel et une histoire sans intrigue, toujours selon le "New Yorker". De quoi mécontenter les fans mais aussi les néophytes.

Photo : extrait de 'Doom' (2005)

L’exemple parfait : “Doom” de 2005

"Doom" était le tout premier jeu vidéo de tir à la première personne, et l'adaptation (avec Dwayne Johnson) est un cas d'école de cette pratique : dans une tentative de rendre hommage au jeu, pendant tout le climax de l'adaptation cinématographique, le public ne voit du héros que ses mains et son arme. Pourquoi ? Comme dans le jeu, la scène est filmée à la première personne, c'est-à-dire à travers les yeux du protagoniste.

Photo : extrait de 'Doom' (2005)

“Ce qui semblait immersif pour un joueur devenait limite incompréhensible”

Le film a une cote d'approbation des critiques de 18 % sur Rotten Tomatoes, ce qui est terriblement mauvais. Cette scène de "Doom" a été décrite comme "vertigineuse et ennuyeuse... Ce qui semblait immersif pour un joueur était à la limite de l'incompréhensible pour un spectateur passif", comme l'écrit Alex Barasch du New Yorker. Rotten Tomatoes est un site web, créé en 1998, spécialisé dans les évaluations du public et fournissant des informations sur les films.

Photo : extrait de 'Doom' (2005)

Certains jeux vidéo s'inspirent déjà de films

Certains jeux, comme "Halo", ont été fortement influencés par "Aliens". Selon, Barasch, transformer un film en jeu vidéo puis en film à nouveau revient à "faire passer un texte par Google Translate et vice-versa : chaque itération est plus confuse que la précédente".

“Lara Croft: Tomb Raider” (Lara Croft : Tomb Raider, le film) de 2001 : un “Indiana Jones” au feminin ?

L’adaptation de 2001 de "Tomb Raider” avec Angelina Jolie, a connu un certain succès commercial. Rotten Tomatoes lui donne 20 %, affirmant que l'intrigue est "insensée" et sans "aucun impact émotionnel". Le jeu vidéo "Tomb Raider" n'était guère plus qu'un "Indiana Jones inversé”, selon les personnes interrogées dans l'article.

Manque de développement des personnages

Les personnages principaux des jeux vidéo étant bien souvent définis par leurs capacités et leurs objectifs, le développement psychologique de ces derniers est rarement au rendez-vous. Comment traduire cela sur grand écran ? Et les autres personnages sont bien souvent de la chair à canon que le protagoniste se fera une joie de tuer violemment.

“Resident Evil” (Resident Evil : Les Créatures maléfiques) en 2002 : “Bruyant, violent, stéréotypé et ringard”

Le site Rotten Tomatoes s'accorde à dire que le film "Resident Evil" de 2002 est "bruyant, violent, stéréotypé, ringard"... et que ses personnages sont des clichés. Pourtant, le film d'horreur inspiré des jeux vidéo a eu suffisamment de fans pour devenir une franchise de sept films, même si les critiques ont été sévères envers le premier film (et la plupart de ceux qui ont suivi).

“Mortal Kombat” de 2021 : “film pour ivrognes à regarder tard le soir”

Basé sur une franchise incroyablement populaire qui n'a pour but, à la base, que de vaincre son adversaire dans la violence et le sang pour le plus grand plaisir de tous, Mortal Kombat a été (à nouveau) adapté au cinéma en 2021. Un "film pour ivrognes à regarder tard le soir", d’après le journal d’information britannique "The Guardian". Les fans, eux, ont été ravis de retrouver la violence et le gore de leur jeu dans le film !

Photo : Extrait de "Mortal Kombat" (2021) par la WarnerBros.

La plupart des jeux vidéo n'utilisent pas une narration linéaire

Pour transposer le concept des jeux à l'écran, les scénaristes doivent aplatir l'histoire et prendre ces décisions pour les spectateurs. Comme ce que la plupart des gens aiment dans les jeux vidéo, c'est explorer un nouveau monde et faire des choix, cela ne peut que déplaire aux joueurs. Par ailleurs, les choix d'intrigue bizarres qui tentent de couvrir tout le jeu peuvent dérouter les nouveaux venus.

Photo : Sam Pak / Unsplash

“Assassin’s Creed” de 2016 : 19% sur Rotten Tomatoes

Assassin's Creed est un jeu à monde ouvert primé dans lequel le joueur se déplace pour commettre des assassinats au cours du XIIe siècle. "Sans doute mieux réalisé [...] que la plupart des adaptations de jeux vidéo ; malheureusement, le résultat final, alimenté par les images de synthèse, n'en reste pas moins un gâchis joyeusement surchargé" : tel est le consensus de Rotten Tomatoes.

“The Last of Us” sur OCS

La nouvelle série de HBO "The Last of Us", dont la première, très attendue, a eu lieu le dimanche 15 janvier 2023, fera-t-elle exception à la règle ? La série se base sur les jeux vidéo à succès du même nom, et on y suit deux inconnus naviguant dans une Amérique post-apocalyptique infestée de zombies.

Photo : thelastofus / Instagram

Une narration plus facile à adapter à l'écran

Coécrite par le créateur du jeu, Neil Druckmann, et Craig Mazin, qui est surtout connu pour avoir écrit la minisérie primée "Tchernobyl", le jeu vidéo s'est écarté de la tendance du "monde ouvert" et repose sur une narration linéaire, ce qui facilite son adaptation à l'écran.

Photo : 'The Last of Us' / HBO

97% sur Rotten Tomatoes

Le New York Magazine affirme qu'il est "destiné à devenir la prochaine tendance de Twitter". La BBC dit que c'est "la meilleure adaptation de jeu vidéo de tous les temps", même si cela ne veut pas dire grand-chose. Les premières critiques ont été extrêmement positives, avec un taux d'approbation de 97 % sur Rotten Tomatoes quelques jours avant la première.

Photo : thelastofus / Instagram

2023 : l'année des adaptations de jeux vidéo

Outre "The Last of Us", une multitude de nouvelles adaptations de jeux vidéo sont en préparation.  Selon le "New Yorker", Netflix a annoncé à elle seule plus d'une douzaine de projets, tandis que Paramount+ et Amazon préparent (ou ont déjà sorti) des séries basées sur "God of War" et "Halo". Une bonne, ou une mauvaise chose ?

Mario : la seconde chance

"The Super Mario Bros Movie" est une comédie d'aventure animée dont la sortie est prévue en avril 2023. Chris Pratt incarnera Mario et Anya Talyor-Joy sera la princesse Peach. Cette fois, le créateur de "Mario", Shigeru Miyamoto, est co-producteur. Nous avons hâte de voir le résultat !

Photo de la bande-annonce via thesupermariobros.movie

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