Que devient Corneille, le chanteur rescapé du génocide au Rwanda ?

Des nouvelles de Corneille
Une enfance rwandaise
Premiers pas dans la musique
Le massacre de sa famille
Miraculé
Un gel émotionnel complet
En exil en Allemagne
Le groupe O.N.E.
Repérés par Dubmatique
Parce qu’on vient de loin
Retour en Afrique
Les Marchands de rêves
Un chanteur engagé
Des albums collectifs
Une appréhension à l’égard du Rwanda
Membre du jury de La Voix
Imaginer le beau
Encre rose
Des nouvelles de Corneille

Que devient Corneille, le chanteur d’origine rwandaise célèbre pour le succès fulgurant de son album « Parce qu’on vient de loin » et pour avoir survécu miraculeusement au génocide rwandais de 1994 ? Portrait en images d’un musicien dont le parcours est éternellement marqué par son histoire personnelle.

Une enfance rwandaise

Né en Allemagne en 1977, Cornelius Nyungura a passé son enfance au Rwanda où ses parents étaient retournés après leurs études. Son père Émile, actif en politique, était tutsi tandis que sa mère était hutue.

Premiers pas dans la musique

Leur fils aîné se découvre très tôt une passion pour la musique. Inspiré par la soul et le funk des États-Unis, il monte un groupe de R’n’B, enregistre ses premières chansons et remporte un concours à la télévision rwandaise en 1993.

Le massacre de sa famille

Mais le destin de l’adolescent bascule l’année suivante, qui est celle du génocide des Tutsis au Rwanda. Une nuit d’avril 1994, des hommes armés font irruption au domicile familial et massacrent ses parents, ses deux frères et sa sœur âgée de trois ans.

Miraculé

Cornelius parvient à s’en sortir miraculeusement, grâce à une coupure de courant qui lui permet de se cacher derrière un canapé et d’attendre le départ des bourreaux de sa famille. Après trois mois de fuite et de cachettes, il parvient à gagner le Zaïre voisin du Rwanda.

Un gel émotionnel complet

Des années après, Corneille a fait le récit de cette nuit d’horreur : « Quand je suis sorti de ma cachette, la première chose que j'ai faite, c'est d'aller devant un miroir pour me regarder et voir si j'étais réellement vivant (…) J'étais dans un état de gel émotionnel complet. J'ai attendu que le jour se lève. Je suis passé dans le salon devant les corps sans les regarder. », a-t-il déclaré, cité par ‘Le Journal des femmes’.

En exil en Allemagne

Au Zaïre, le survivant parvient à contacter des amis de ses parents qui habitaient en Allemagne et qui l’ont recueilli chez eux : « Ils m'ont pris chez eux comme si j'étais le leur. Ils ne m'ont rien demandé, ils m'ont tout donné. », a-t-il dit à leur propos.

Le groupe O.N.E.

En 1997, le jeune homme quitte l’Allemagne pour le Canada. À Québec, il forme le groupe de R’n’B O.N.E avec Pierre Gage et Gardy Fury. Leur chanson « Zoukin » permet aux jeunes artistes de se faire connaître.

Repérés par Dubmatique

O.N.E. est bientôt repéré par le groupe de hip-hop Dubmatique (sur la photo) qui lance beaucoup de jeunes artistes au Canada à l’époque. Corneille est même choriste sur une piste de leur album « Influences » en 2001. Mais il quitte son groupe pour continuer en solo et écrire ses propres chansons.

Parce qu’on vient de loin

Sorti en 2002 au Canada et en 2003 en France, son premier album « Parce qu’on vient de loin » connaît un succès retentissant. Corneille fait à l’époque ses premiers festivals, ses premières tournées, et s’impose comme une étoile montante de la scène musicale francophone.

Retour en Afrique

En 2005, le chanteur participe au concert Africa Live, organisé pour lutter contre le paludisme en Afrique. C’est la première fois qu’il revient sur le continent depuis la période du génocide rwandais.

Les Marchands de rêves

En novembre de la même année, Corneille sort son deuxième album, « Les Marchands de rêves ». Un an plus tôt, il avait obtenu la nationalité canadienne.

Un chanteur engagé

Mais Corneille est également un chanteur engagé, marqué à vie par son traumatisme d’adolescent. Il a travaillé avec la Croix-Rouge canadienne pour sensibiliser le public au sort des victimes de guerre. Il a aussi participé au single « L’Or de nos vies » avec d’autres artistes comme Kyo ou Amel Bent dans le cadre d’une campagne de lutte contre le Sida.

Des albums collectifs

Tout en poursuivant sa carrière en solo, Corneille a souvent collaboré avec d’autres artistes. Il a participé à l’album collectif « Génération Goldman » en 2012 et il a fait des featurings avec des rappeurs comme Kery James ou La Fouine à la même époque.

Une appréhension à l’égard du Rwanda

Après avoir publié son autobiographie en 2016, Corneille a avoué ne pas être réconcilié avec le Rwanda. Lors d’une interview pour ‘LCI’, il a fait état d’une « crainte irrationnelle » de retourner dans ce pays : « Ceux qui ont décimé ma famille ce soir-là occupent des postes de responsabilité dans l'armée actuelle du Rwanda. »

Membre du jury de La Voix

Le chanteur est aussi membre du jury de l’émission « La Voix ». Début 2023, il a salué le choix d’une participante âgée de 76 ans : « Je viens d'un continent où gagner en âge en un privilège. Ce n'est que quand je suis arrivé ici que j'ai appris qu'on devenait vieux. (…) Par votre simple présence, vous venez de dire au Québec entier : il n'y a pas d'âge pour être là où on a le goût d'être. »

Imaginer le beau

Dans un entretien accordé à ‘Fugues’, Corneille a affirmé la nécessité de créer même dans des périodes difficiles : « C’est le seul intérêt de créer pour moi. Imaginer une réalité en opposition avec ce que l’on perçoit comme réel. Imaginer le beau là où il en manque. C’est mon boulot d’artiste… de rêveur. »

Encre rose

Son neuvième et dernier album solo, « Encre rose », est sorti en 2022. Avec un mot d’ordre : lutter contre les injustices et transformer la colère en amour. Plus de vingt ans après ses débuts et le succès de « Parce qu’on vient de loin », Corneille est toujours aussi inspiré !

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