La fin des Golden Globes : une sombre histoire de corruption
Les Golden Globes pourraient passer du statut de "prélude aux Oscars" à celui d'annulation pure et simple en 2022. Comment cela a-t-il pu arriver ? Petit à petit, une histoire de corruption, de racisme, de sexisme et de manque de professionnalisme a été dévoilée. Il y a déjà au moins une star hollywoodienne qui a rendu les prix qu'elle avait gagnés. Que s'est-il passé ? Les Golden Globes sont-ils définitivement annulés ou ont-ils l'espoir de ressusciter ?
Tout s'est précipité lundi 11 mai, lorsque NBC a annoncé dans un communiqué qu'elle ne diffuserait plus les Golden Globes en janvier 2022. NBC a produit et diffusé ce gala depuis 1996 et, parfois, en est venu à rivaliser en audience avec les Oscars. Or, avec la pandémie, le dernier gala a enregistré une baisse de 64% de l'audience.
La notification de NBC ne s'arrête pas à l'annulation, puisqu'elle indique qu'elle ne rediffusera pas le gala tant que la Hollywood Foreign Press Association (HFPA), responsable des Golden Globes, n'aura pas modifié ses règles.
L'Association de la presse étrangère d'Hollywood (HFPA) a fait l'objet de nombreuses allégations de corruption, de manque de diversité, de racisme et de sexisme. "Nous pensons que la HFPA est engagée dans une réforme remarquable, mais un changement d'une telle ampleur demande du temps et du travail, et la HFPA a besoin de temps pour bien faire les choses. Pour cette raison, NBC ne diffusera pas les Golden Globes de 2022", peut-on lire dans le communiqué.
"Si l'organisation respecte son projet, nous serons en mesure de diffuser le gala de 2023", ont-ils ajouté. C'est-à-dire qu'ils ne ferment pas les portes à la reprise de la relation, à condition qu'il y ait une rédemption et un changement. Mais quels changements exigent-ils d'eux, exactement ?
C'est le Los Angeles Times qui a mis au jour les pratiques douteuses d'une HFPA dont la réputation est en chute libre depuis des années. La corruption et les abus ont été dénoncés.
Le Los Angeles Times a relevé des pratiques malhonnêtes parmi les 86 jurés. Des membres qui, dans certains cas, ne travaillent même pas dans les médias mais ont profité de voyages et de cadeaux offerts par des studios et des sociétés de production.
L'exemple donné par le Los Angeles Times est "Emily in Paris", une série Netflix très critiquée qui a néanmoins été nommée dans la catégorie "meilleure comédie" en 2021. Ô coïncidence, 30 membres de l'HFPA avaient passé deux nuits dans un hôtel de luxe à Paris pour visiter les plateaux de tournage de la série.
Évidemment, la rotation parmi les 86 membres de la HFPA était nulle, car leur pouvoir d'influence était tel, selon le Los Angeles Times, qu'ils étaient toujours présents aux événements les plus exclusifs.
Parmi les 86 membres du conseil d'administration de l'Association de la presse étrangère, la diversité brille par son absence. Quelques jours avant le gala 2021, on a appris que parmi ses membres, il n'y avait pas un seul Noir, ce qui a rendu visible l'association "Time's Up", dans une lettre signée par des personnes comme J. J. Abrams (photo), Kerry Washington ou Amy Schumer.
Ainsi, parmi les engagements de la HFPA, il y a l'augmentation du nombre de membres de 20 personnes, en accordant "une attention particulière aux personnes d'ethnie noire".
Malgré ce geste, Ted Sarandos, PDG de Netflix, a choisi de rompre les relations avec l'association le jeudi 6 mai, "jusqu'à ce qu'il y ait des changements plus significatifs." Netflix a été le premier grand opérateur audiovisuel à prendre une mesure drastique et à l'annoncer.
Ava DuVernay, Shonda Rhimes ou Reese Whiterspoon ont applaudi le courage de Netflix qui a été le premier acteur majeur à prendre une position claire sur la question, provoquant une vague de soutien en quelques heures.
La démarche de Netflix a été rejointe par plus d'une centaine d'agences de publicité, de relations publiques et d'Amazon, qui ont dénoncé le "comportement discriminatoire, le manque de professionnalisme, la malhonnêteté et la corruption financière présumée" de la HFPA dans une lettre adressée à l'association. Jennifer Salke, directrice d'Amazon Studios, déclare : "Nous attendons une résolution honnête et significative."
Et comme si cela ne suffisait pas, certains poids lourds d'Hollywood ont également pris position contre les Golden Globes. Par exemple, Tom Cruise a rendu les trois prix qu'il avait reçus pour "Né un 4 juillet" (1990), "Jerry Maguire" (1997) et "Magnolia" (2000).
De son côté, Mark Ruffalo a assuré ne pas être "fier ou heureux d'avoir reçu le prix" lors de la dernière cérémonie, pour son rôle dans "I Know This Much Is True".
Alors que sa partenaire et amie, Scarlett Johansson, cinq fois nominée, s'est souvenue de certaines questions des journalistes des Golden Globes qui frisaient le "harcèlement".
À Hollywood, on considère déjà ce coup comme définitif, pour des récompenses qui sont décernées depuis 1944. En fait, les experts considèrent les Critics Choice Awards, beaucoup plus respectés ces derniers temps, comme le véritable prélude aux Oscars.