Michou : deux ans déjà que le Prince bleu de Montmartre nous a quittés
Il y a deux ans, le 26 janvier 2020, disparaissait Michou, une des figures du monde de la nuit parisienne. Un aperçu en images de cette personnalité atypique et haute en couleurs, que l’on surnommait affectueusement le « Prince bleu de Montmartre ».
L’homme s’appelait Michel Catty de son vrai nom. Le pseudonyme de Michou vient d’une contraction entre « Mimi », le surnom que lui donnait sa grand-mère, et « chouchou », le nom affectueux que lui donnaient ses amis.
Michel a été élevé par sa mère et par sa grand-mère. Il n’a jamais connu son père, avec qui sa mère n’avait eu qu’une brève aventure. Et il n’a jamais cherché à le retrouver, contrairement à sa mère qui s’était lancé sur les traces du père de son enfant grâce à l’émission « Avis de Recherche ».
Originaire d’Amiens où il était né en 1931, le jeune homme qui rêvait de la capitale rejoint Paris à 19 ans. Sans formation, il vivait jusqu’ici de petits boulots dans sa ville natale : confection de chaussures, vente de journaux dans la rue…
Arrivé par le train, Michou erre dans les rues de Paris et se retrouve Place Blanche, juste en face du célèbre Moulin rouge. Il rencontre une femme, qu’il décrivait comme sa « mère spirituelle », et qui tenait un bar dans le quartier. Quelques années après, il lui rachète le fonds de commerce et l’établissement devient « Chez Michou ».
L’établissement devient ensuite le « Cabaret Michou », un bar-restaurant-spectacle dans lequel des drag-queens, les « Michettes », se déguisent en stars de la chanson et reprennent leurs titres en play-back. Michou se travestit lui-même en imitant Brigitte Bardot ou France Gall.
Comme il l’indiquait à l’AFP, « À l'époque, il fallait être inconscient et ambitieux. Je n'ai finalement pas eu de problèmes et la machine était lancée. Depuis longtemps, je rêvais d'un endroit de fête où l'on s'amuse vraiment. J'avais enfin trouvé la recette. » Michou se décrivait comme le dernier dinosaure de la nuit parisienne.
Le « Cabaret Michou » proposait ses spectacles burlesques et délurés bien avant mai 68, d’abord dans une relative confidentialité. Les clients s’y laissaient enfermer à partir de deux heures du matin, heure à laquelle la réglementation interdisait de nouvelles entrées.
À une époque où les coming-outs étaient plus rares, Michou n’a jamais caché son homosexualité et il n’était pas peu fier d’avoir aidé de jeunes homosexuels à s’assumer. Il a passé les dernières années de sa vie avec le même compagnon, Erwann, mais il n’a jamais souhaité se marier, préférant rester « vieille fille » selon ses propres mots.
Habillé kitsch et coiffé d’un brushing impeccable, Michou était toujours vêtu de bleu, sa couleur fétiche. Un documentaire sur lui est sorti en 2005, intitulé « Michou, la vie en bleu ».
Michou se produisait régulièrement sur scène. Sa discographie compte plusieurs titres, comme « L’homme à femmes » ou « Moi, j’suis Michou ».
En 1973, Michou joue son propre rôle dans le film « La Bonne Année » de Claude Lelouch. La même année, il apparaît dans un feuilleton sur la vie de Molière diffusé par la télévision française.
Grand ami de Dalida, Michou était très connu dans son quartier dont il était une figure emblématique. Pour ses 60 ans, il avait organisé une grande fête sur une péniche où le tout-Paris s’était rendu, et il avait fêté ses 80 ans au Trianon. Homme de cœur, il invitait régulièrement les vieilles dames de son quartier à déjeuner.
Soutien de Nicolas Sarkozy en 2007, Michou se disait fasciné par Carla Bruni, la chanteuse et épouse de l’ancien président. Il disait d’ailleurs suivre le défilé annuel du 14-juillet uniquement pour l’admirer à l’écran.
Même à 80 ans passés, Michou dégageait une impression de jeunesse et d’énergie qui lui faisait paraître moins que son âge. Il avait toujours refusé de faire de la chirurgie esthétique et attribuait au champagne (au moins deux bouteilles par jour…) le fait d’être aussi bien conservé.
En décembre 2015, Michou avait indiqué dans une interview à Paris Match que sa tombe porterait sa couleur fétiche. Il était toujours aussi fier et heureux de ce qu’il représentait dans son quartier : « Je suis le Saint Michou de Montmartre. Il n’ y a pas un jour où je ne me fais pas arrêter dans la rue. Même les touristes me connaissent. Je suis très généreux pour Montmartre, et fier de l’être. »
Michou est inhumé dans le célèbre cimetière de son quartier de toujours. Il était allé choisir lui-même son emplacement, parlant de « partir en voyage » à propos de la mort.
Outre sa personnalité attachante et extravagante, Michou incarnait une certaine idée de la nuit à Paris et du charme connu bien au-delà des frontières d’un quartier comme Montmartre. Alors, merci pour tout Michou et repose en paix !